C’était la première visite officielle en France du nouveau Premier ministre britannique depuis sa nomination fin juillet dernier, en remplacement de Theresa May. Boris Johnson a été reçu jeudi 22 août à l’Elysée par Emmanuel Macron, à deux jours du G7. Mais le chef du gouvernement du Royaume-Uni n’était pas simplement en visite pour parler géopolitique et économie mondiale, il était surtout venu plaider sa cause dans l’épineux dossier du Brexit.
Alors que la date fatidique du 31 octobre signant la sortie du pays du bloc européen approche à grands pas, Boris Johnson, qui veut délivrer “coûte que coûte” le Brexit au peuple britannique, veut réussir son pari de débloquer la question du “backstop”. Le Premier ministre ne veut pas de ce filet de sécurité pourtant négocié dans l’accord validé de novembre 2018 entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. “Je pense que d’autres solutions techniques existent pour vérifier les biens qui entrent et l’origine des produits”, a insisté Boris Johnson lors de la conférence de presse commune entre les deux politiques organisée avant leur rencontre.
Cette question du backstop a toujours été le point d’achoppement entre les deux parties lors de la négociation de l’accord. Cette solution – pourtant proposée par le Royaume-Uni et aujourd’hui rejetée par une partie des parlementaires et du nouveau Premier ministre – “est la garantie indispensable”, a répété Emmanuel Macron, “à la préservation de la stabilité de l’Irlande et de l’intégrité du marché unique qui est le socle du projet européen”. Le président français, qui a regretté d’être toujours “dépeint comme le plus dur de la bande” des chefs d’Etat européens, a donc réaffirmé sa position : aucune renégociation est possible… du moins si elle met en péril ces deux principes. “S’il y a des choses qui peuvent être adaptées et qui sont conformes aux deux objectifs, on doit les trouver dans les mois qui viennent sinon le problème est plus profond et plus politique, et ce ne sera pas la négociation qui pourra le régler, c’est un choix politique que le Premier ministre aura à prendre”.
De son côté, Boris Johnson a déclaré vouloir “arriver à un accord”. “Je pense qu’on y arrivera avec une bonne énergie et une bonne créativité, on trouvera un moyen d’avancer”. Mais pas question de reculer la date de sortie : ce sera bien le 31 octobre à 11pm heure de Londres. Et ce, “avec ou sans accord”. Il a rappelé son attachement à la relation bilatérale entre la France et le Royaume-Uni, soulignant le lien économique entre les deux pays en citant des exemples comme la construction du Concorde ou encore de l’Eurotunnel. “Quelle que soit l’issue après le Brexit, la relation entre nos deux pays doit être renforcée”, a-t-il plaidé, avant de rappeler que “Londres continue à être l’une des villes avec la communauté française la plus importante au monde, et j’espère qu’elle le restera”. Il a promis de soutenir “les 3.2 millions de citoyens européens au Royaume-Uni”.
En attendant, l’UE est prête, a confirmé le président de la République. “Nous nous préparons activement à tous les scénarios, on a une responsabilité commune à l’égard de nos citoyens, nos territoires et nos entreprises”, a confié Emmanuel Macron, pour qui tout de même “l’avenir du Royaume-Uni ne peut se trouver qu’en Europe et l’avenir nous le confirmera”. La conférence de presse s’est d’ailleurs conclue sur un “Let’s work”, lancé par le Français.