En cinq ans, Agathe Fontaine, ancienne salariée en immobilier (mais toujours consultante en free lance), a fait du seconde main pour enfants une entreprise florissante, via son entreprise Family Affaire. La Française n’en revient toujours pas. “C’est incroyable l’ampleur que cela a pris, mais c’est beaucoup d’énergie, de temps et de travail”, confie-t-elle. Sa clientèle est internationale, venant de Corée du Sud, des Etats-Unis, d’Europe et bien évidemment du Royaume-Uni, où la cheffe d’entreprise est basée. C’est d’ailleurs à Londres qu’elle organise du mercredi 11 au samedi 14 mars à Notting Hill son prochain pop-up.
“Ce n’est pas qu’un business, mais un mode de vie auquel je suis sensible depuis longtemps et que j’ai essayé de retranscrire à travers Family Affaire”, explique Agathe Fontaine. Le recyclage a en effet toujours été important dans la famille de la Française. “Ma mère achetait et vendait sur des bourses aux vêtements, je l’accompagnais dès mes 4 ans sur les brocantes où elle aimait passer ses week-ends, elle récupérait aussi des meubles dans la rue et que mon père retapait. Je crois que j’ai grandi dans une famille avant-gardiste”, sourit-elle.
Ce n’est donc pas surprenant qu’elle ait choisi de se lancer son entreprise de vêtements d’enfants (de 0 à 16 ans) de seconde main, Family Affaire. Tout a débuté quand elle s’est mise à vendre les habits et chaussures de son aînée. “Je n’avais pas de nièce à l’époque, et à Londres, c’est tellement difficile de stocker à cause du manque de place que je me suis dit que cela serait intéressant de revendre les pièces que je ne donnais pas aux charity shops”, explique Agathe Fontaine. Ses amies ont ensuite commencé à lui demander si elle pouvait également s’occuper de vendre les affaires de leurs enfants. “Tout se passait via mon compte personnel Instagram au départ”, raconte la Française, réellement installée dans la capitale anglaise depuis 2014.
La trentenaire faisait cela (et continue d’ailleurs de le faire) en plus de mener en parallèle ses activités dans le secteur immobilier. Elle confesse que son expérience précédente dans la mode l’a beaucoup aidé à faire le tri sur les pièces à mettre en vente, et surtout à la conforter de lancer son concept de seconde main. “Après mon école de commerce, j’ai d’abord été acheteuse dans la fast-fashion, donc je connais bien les matières et les procédés de fabrication. Je sais surtout comment des collections entières sont renouvelées tous les quinze jours, que des vêtements sont sans cesse jetés ou encore que la qualité peut être très moyenne”.
Très rapidement, les demandes de vendeuses et d’acheteuses se font de plus en plus nombreuses, bien qu’au moment de se lancer le second main ne fut pas encore à la mode. “Les quatre premières années, j’organisais des ventes à la maison”, confie Agathe Fontaine. Il y a un an, les choses s’accélèrent réellement. “Cela a pris une telle ampleur que les gens m’envoyaient leurs vêtements, chaussures et autres accessoires depuis toute l’Europe”. C’est ainsi que naît l’entreprise Family Affaire. La Française s’occupe alors de, soit réceptionner les envois des vendeuses soit de se rendre deux à trois fois par semaine chez les clientes pour faire une sélection, puis de trier et d’étiqueter. “Les prix vont de £2 à £100 pour les plus belles pièces, mais la moyenne se situe plutôt vers £8”.
Les personnes peuvent donc acheter via l’e-shop mis en place depuis l’été 2019 et recevoir leur colis (dont l’emballage est 100% recyclable) par poste ou lors de pops-ups qu’elle organise deux fois par an. Le prochain est programmé du mercredi 11 samedi 14 mars au Tabernacle de Notting Hill, une première pour elle qui avait jusque-là l’habitude d’organiser les ventes chez elle. Pour ce rendez-vous, elle dispose déjà de 4.500 pièces de marques aussi diverses que Bonpoint, Petit Bateau, Jacadi, Moncler, Bobo Shoes… “Les gens me font vraiment confiance sur la qualité du sourcing, cela fait 5 ans que je fais cela donc je connais par cœur les marques”. Certaines acheteuses ne passent d’ailleurs plus que par Family Affaire pour habiller leurs enfants, à l’exception des sous-vêtements et chaussettes qu’Agathe Fontaine refuse pour des questions d’hygiène.
Outre les particuliers, la Française est sollicitée par des magasins pour des déstockages de vêtements neufs (fin de séries, collections qui n’ont pas fonctionné…) ou par des sites multimarques qui ferment. “Stocker coûte cher donc c’est une bonne solution pour eux de passer par moi”. Ce marché est lui aussi très intéressant pour elle, puisque cela lui permet de proposer par exemple des coffrets de cadeaux de naissance ou encore des valises de maternité. “Je fais même des vidéos de présentation de plusieurs looks avec des choix d’accessoires. J’adapte aussi les coffrets selon les goûts et le stock dont je dispose. Je peux même faire des sets pour enfants”, détaille la trentenaire. Dernièrement, par exemple, un client lui a demandé trois tenues de mariage assorties pour ses petits. “J’ai donc mélangé du seconde main avec du neuf”.
Agathe Fontaine se dit heureuse que son Family Affaire rencontre un tel succès. “Mon but était de donner plusieurs vies à un vêtement pour freiner un peu cette consommation excessive de mode”. Elle aimerait aujourd’hui convaincre davantage les adolescents de sauter eux aussi le pas. “Il y a un vrai travail à faire avec les écoles”, analyse-t-elle, “je viens d’ailleurs d’être invitée par le proviseur de l’école de ma fille pour tenir une conférence sur le recyclage et le respect du vêtement pour leur rappeler que ce n’est pas du jetable, qu’il peut servir à quelqu’un d’autre. Je pense que c’est par ce genre de choses que le message peut passer”.