En mai 2018, Air Corsica avait lancé une ligne depuis Londres Stansted vers les quatre aéroports de l’île de Beauté. Ouvertes d’avril à octobre, ces liaisons avaient alors trouvé leur public dès leur lancement. Mais l’épidémie de coronavirus a freiné net les réservations pour 2020, qui deviendra ainsi une année blanche pour la compagnie aérienne corse. Mais cette dernière n’est pas pour autant inquiète pour l’avenir et se prépare déjà pour 2021.
“On aurait pu relancer les opérations sur la fin de la saison, mais nous n’avons pas voulu prendre de risque”, explique Luc Bereni, à la tête du directoire d’Air Corsica depuis septembre 2019, “les prix sont plus bas à cette période et la balance économique de telles lignes doit se fonder sur des mois de juillet et août solides. Or, ce ne sera pas le cas et nous préférons revenir sur le marché britannique en 2021”. Si la compagnie aérienne espérait jusqu’au bout pouvoir remettre les gaz pour la saison estivale, en maintenant une stratégie d’annulation à 15 jours, le déconfinement partiel et lent mais aussi l’incertitude autour de la levée de la quarantaine au Royaume-Uni auront eu raison de sa patience.
La décision de ne proposer aucun vol pour 2020 n’a pas été prise “de gaieté de cœur”, assure Luc Bereni. “Nous sommes désolés pour notre clientèle, que ce soit les touristes britanniques, les Français du Royaume-Uni ou les natifs de Corse”. Mais c’est plus forte que la compagnie reviendra l’an prochain, avec une réouverture des réservations dès septembre 2020. Pour celles et ceux qui souhaitent tout de même se rendre en Corse cet été, les lignes depuis la France et la Belgique ont, elles, été relancées depuis le déconfinement des deux pays en mai dernier. “Il est par exemple possible de prendre l’Eurostar pour se rendre à Bruxelles puis à l’aéroport de Charleroi ou d’aller jusqu’à Gare du Nord puis de prendre l’avion depuis Orly”, détaille le président du directoire d’Air Corsica, avant d’ajouter, “les voyageurs seront assurés d’arriver sur l’île dans la journée”.
Air Corsica rappelle par ailleurs qu’elle applique une politique de remboursement, contrairement à d’autres compagnies aériennes, qui préfèrent les bons d’achat. “Nous avons les moyens de faire face aux demandes de nos clients”, confirme Luc Bereni. Et ce, grâce à des finances saines. “Nous ne sommes pas entrés dans la crise avec un déficit ou une accumulation de pertes par rapport aux exercices précédents”, souligne le directeur. La reprise des réservations en France depuis le déconfinement a permis également de continuer à maintenir la trésorerie de l’entreprise. “Le seul souci que nos clients peuvent rencontrer, c’est du retard dans le traitement de leur demande, car nos équipes font face à un volume plus important que par rapport à une situation normale. Et c’est en cela que nous nous excusons d’avance auprès d’eux”.
Si Air Corsica réussit si bien à tirer son épingle du jeu financièrement, c’est que 70% de la compagnie aérienne est détenue par la collectivité corse. “Nous sommes une compagnie de service public, soutenue par les pouvoirs publics régionaux. Nous avons d’ailleurs su pleinement jouer notre rôle pendant le plus fort de l’épidémie en assurant une liaison quotidienne entre le continent et l’île pour permettre entre autres les flux médicaux et familiaux”, commente Luc Bereni.
Forte de son équilibre financier, la compagnie, qui poursuit son développement en Europe (Belgique, Portugal, Suède et Autriche), prévoit également un déploiement de nouvelles lignes sur le sol britannique et pourrait même reprendre des liaisons potentiellement abandonnées par des concurrents. “Nous avons des contacts réguliers avec des aéroports régionaux, notamment en Ecosse”, annonce le président du directoire d’Air Corsica, déjà pleinement satisfait de l’ancrage londonien dont le bilan précis sera révélé en 2021.