Appelés aux urnes jeudi 12 décembre 2019, les Britanniques ont majoritairement voté en faveur du camp conservateur en infligeant, par la même occasion, un revers historique au parti travailliste. Dès l’annonce des résultats, Boris Johnson – conforté dans son rôle de Premier ministre – a affirmé sa détermination à mettre en œuvre le Brexit au 31 janvier 2020. Il faut dire que la position de chaque force politique vis-à-vis du retrait de l’Union européenne a été au cœur des débats de ces élections générales anticipées.
Ayant gagnés 48 sièges au palais de Westminster, les conservateurs en possèdent désormais 365, soit 39 de plus que le minimum requis pour obtenir la majorité absolue. Un retour en force de la formation de droite qui ne s’était pas observé depuis l’ère Margaret Thatcher à la fin des années 1980. La première conséquence politique de ce résultat, qualifié d’“historique” par Boris Johnson, est tout d’abord son maintien à la tête du 10 Downing Street pour un nouveau mandat prévu pour durer 5 ans. En outre, le Premier ministre possède désormais une force politique écrasante à la Chambre des Communes où sera discuté prochainement l’accord de retrait arraché à la mi-octobre dernier. “Le Brexit est désormais une décision indiscutable du peuple britannique”, scandait-il dès l’annonce des résultats.
De leur côté, les travaillistes de Jeremy Corbyn ont essuyé un revers historique en n’obtenant que 203 sièges, soit 59 de moins que la législature précédente. La tendance est en revanche à la hausse pour le SNP, le parti nationaliste écossais, qui gagne 13 sièges et totalise désormais 48 MP’s (membre du parlement, ndlr). Un score que la leader du parti, Nicola Sturgeon, compte mobiliser pour demander la tenue d’un référendum sur l’indépendance. “Boris Johnson a peut-être reçu un mandat pour faire sortir l’Angleterre de l’Union européenne mais il n’en est rien pour l’Écosse qui doit avoir le choix de son avenir”, déclarait-elle sur Sky News.
Arrivés quatrièmes, les libéraux-démocrates semblent également être passés à côté de leur objectif en terminant avec 11 sièges. De même pour le DUP, le parti unioniste nord-irlandais, qui comptera désormais 8 députés.
Après cinq semaines d’interruption réglementaire, la vie politique du Royaume-Uni est donc sur le point de prendre un nouveau départ. Pour ainsi dire, Boris Johnson se rendra, vendredi 13 décembre, à Buckingham Palace où il sera réinvesti de ses fonctions par la reine Elizabeth II. Suivra vraisemblablement un léger remaniement au sein du gouvernement lundi 16 décembre. Une stratégie permise par le poids politique nouvellement acquis par les conservateurs qui ne dépendront désormais plus du soutien du parti unioniste nord-irlandais. Ce qui laisse le champs libre au Premier ministre britannique d’imposer sa ligne – dure – sur le Brexit.
Les 650 députés nouvellement élus (re)gagneront quant à eux les bancs de la chambre des Communes mardi 17 décembre prochain où ils prêteront serment avant que ne se tienne, deux jours plus tard, la cérémonie d’ouverture de la nouvelle session parlementaire matérialisée par le Queen’s speech. Dans la foulée, Boris Johnson tentera de faire ratifier son accord dès vendredi 20 décembre, soit la veille des vacances parlementaires.
Une fois le Brexit acté, il restera à l’exécutif britannique la délicate tâche de négocier avec l’Union européenne le cadre de leurs futures relations – notamment commerciales – avant le 31 décembre 2020, date à laquelle seront rompus les liens entre l’île et le continent. “On est prêts”, répondait Charles Michel – le successeur de Donald Tusk à la tête du Conseil européen – en guise de main tendue au tenancier du 10 Downing Street.