“Pour nous, il y avait un manque cruel de représentativité de la cuisine de l’Afrique de l’Ouest à Londres”, explique Abdelkader Jawneh, l’un des co-fondateurs de la chaîne Afrik’N’Fusion. C’est pourquoi, après une étude de marché poussée sur le marché culinaire londonien, le jeune homme et ses trois autres associés dont Sidiba Doucouré, Audray Tuzolana et Moussa Sissoko ont ouvert leur premier restaurant du côté de Fulham en janvier dernier.
Ce septième établissement marque leur pas vers l’internationalisation, puisque jusqu’à présent Afrik’N’Fusion n’était présent qu’en France, et plus particulièrement à Paris et sa région. “On est en gestion propre sur tous ces restaurants”, détaille Abdelkader Jawneh. Ce qui ne sera pas le cas pour les prochains dont l’ouverture est programmée très prochainement au Maroc, à Casablanca et Marrakech. “Là, on sera sur un système de franchise”, avance l’entrepreneur, “mais toujours en adéquation avec notre image”. Celle d’un restaurant né de la fusion des cuisines africaine et française. ”Nous sommes des enfants d’immigrés sénégalais, mais on a grandi avec les codes français. C’était donc notre ambition de mélanger ces deux côtés pour extraire les meilleures saveurs”, confie le trentenaire.
Au menu, un burger africain avec du poulet mariné au citron et au romarin, agrémenté d’emmental, de plantain et d’une sauce verte faite maison, mais aussi des grillades et des spécialités sénégalaise comme le Dibi qui se compose de viande rôtie assaisonnée, grillée et coupée en morceaux, le tout servi avec des oignons grillés, de la moutarde et du pain. Ou encore le Yassa, délicat mariage de l’oignon et du citron assaisonnant de la chair de poulet. “On a voulu une carte très variée que l’on peut changer, tout en proposant des recettes spéciales. D’ailleurs, on ne s’interdit pas des semaines consacrées à l’Afrique du Nord ou d’autres pays africains comme le Kenya”. De quoi faire saliver les papilles. D’ailleurs le champion du monde français N’Golo Kanté s’est laissé séduire par cette nouvelle adresse. Le footballeur de Chelsea s’est en effet invité à la table d’Afrik’N’Fusion, qui s’est offert ce jour-là un joli coup de projecteur.
La chaîne espère avoir autant pignon sur rue à Londres qu’elle l’a à Paris. L’aventure, qui a débuté en 2010 avec trois copains, est née de cette envie de faire connaître davantage les plaisirs culinaires de l’Afrique de l’Ouest. Depuis, c’est une très belle success story de l’autre côté de la Manche et le défi sera donc de faire de même dans la capitale anglaise. “C’est possible”, assure Abdelkader Jawneh, “car ici, la cuisine du Sénégal ou du Mali n’est pas du tout représentée. A Londres, on est davantage sur des restaurants ghanéen ou nigérien”. Il y a donc une place à prendre. “Les Londoniens sont très ouverts et curieux de connaître de nouvelles cultures, on l’a beaucoup remarqué depuis notre ouverture, car il y a des gens de tout âge et de toutes origines qui poussent la porte du restaurant”, assure le Français.
Si, avec ses associés, ils ont choisi Fulham comme point d’ancrage, c’est avant tout pour des questions de loyers. “Au départ, on voulait vraiment être à Camden, mais c’était trop cher. On a fait le tour de tous les quartiers pour voir où nous pouvions nous installer. On a trouvé un emplacement dans la North End Road à Fulham et on y est finalement très bien”. Abdelkader Jawneh trouve le secteur très vivant. “On est dans une zone où il y a une population très mixte, et c’est vraiment cela que nous aimons”. Les associés regardent déjà plus loin en projetant d’autres ouvertures dans le futur. “Il y a un vrai potentiel à Londres, il y a beaucoup de choses à faire”. Les propriétaires d’Afrik’N’Fusion se verraient bien s’installer dans les quartiers de Croydon ou de Stratford. “Et pourquoi, si tout se passe bien, enfin ouvrir à Camden !”.