“Si j’atteins 100% de mon objectif, je porterai une perruque de Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes et si je le dépasse de 150%, je serai Spiderman”, rit Boris Dosseh. Ce Français installé à Londres n’est pas loin de toucher du doigt son but : collecter des fonds (£1000, 80% ont déjà été atteints) pour la MS Society, structure finançant la recherche pour endiguer la sclérose en plaques et informant les patients sur les aides et soins existants. La somme récoltée sera même doublée par son entreprise, Gartner. De quoi donner le sourire au trentenaire, qui va d’ailleurs représenter la France lors d’une compétition de rameurs au stade olympique de Stratford samedi 7 décembre.
“La sclérose en plaques ne m’empêchera pas de rire, de chanter et certainement pas d’aimer”, écrit fièrement Boris Dosseh sur son compte Facebook. Le Français n’a en effet jamais perdu le sourire, pas même quand un médecin lui a annoncé l’éventualité du diagnostic en mai dernier. “Il avait pris un air tellement grave pour me le dire que j’ai éclaté de rire”, se souvient-il. Car non, il n’est pas homme à se laisser abattre, pour la simple et bonne raison qu’il n’est “pas seul”. “J’ai ma famille et Dieu”. Fervent catholique, il préfère voir le côté positif des choses.
Pourtant, c’est un long parcours médical qui lui a fallu faire avant de savoir exactement ce qui clochait. Tout a commencé il y a trois ans, en avril 2016, “lors d’une petite course de 20 kilomètres”. Il trébuche mais se dit que ce n’est rien de grave. Puis lors d’un marathon, il ressent une douleur mais cela ne l’inquiète pas plus : peut-être cela vient-il de sa cheville qu’il s’est tordue deux semaines plus tôt ? Il termine sa course tant bien que mal. “J’ai ensuite laissé traîner les choses quelques mois”, raconte Boris Dosseh. En septembre 2016, il participe à un semi-marathon, mais au bout de 10 minutes à peine, il tombe. Là encore, il ne panique pas. “C’était une course en forêt, j’ai pensé que c’était la boue qui m’avait fait trébucher”.
Il se décide enfin à aller consulter son médecin généraliste, qui l’envoie chez un kiné. Pendant deux ans, il fera des allers-retours entre les deux professionnels de santé, sans jamais voir d’amélioration. “Puis, je me suis souvenu que j’avais une assurance privée”. Il prend alors rendez-vous chez un spécialiste de la cheville au printemps dernier. Après différents exercices et analyses réalisés, le médecin lui dit : “Je ne vais pas vous toucher, car ce que vous avez n’a rien avoir avec la cheville”. Direction, un spécialiste de la conduction nerveuse, qui conclut à un nerf coincé dans la colonne vertébrale. Mais l’IRM ne révèle rien. Peut-être au cerveau alors ? Bingo. “Les examens faits en mai ont montré des lésions, avec la présence de petites taches blanches”, détaille le Français. C’est là que le mot “sclérose en plaques” est prononcé pour la première fois.
C’est alors parti pour des dizaines de prises de sang pour éradiquer toutes les autres options. Puis Boris Dosseh subit une ponction lombaire. Son calvaire médical va alors prendre une autre tournure. “Suite à une telle intervention, il est possible d’être sujet à des migraines pendant trois à quatre jours. Pour moi, ça a duré huit jours”, dit-il en riant. L’IRM au cerveau montre alors la présence d’un caillot de sang et… de la sclérose en plaques. Maladie qu’il découvre alors via la MS Society, dont un de ses médecins lui parle. “J’ai alors réalisé que mes troubles de la fatigue, que j’ai depuis tout petit, étaient une conséquence de la sclérose en plaques”. Grâce à l’association, il en apprend beaucoup. Pour les remercier et surtout “permettre à des jeunes qui n’ont pas de moyens ou qui vivent loin des grandes villes” d’avoir accès aux bonnes informations, il a décidé de collecter des fonds… en faisant du sport.
Mais ce ne sera pas en participant à une course. Boris Dosseh a dû en effet abandonner les baskets, lui qui court depuis son plus jeune âge. “Mon oncle avait un club d’athlétisme à Saint-Germain-en-Laye. Il nous demandait toujours à ma sœur et moi de venir remplir les rangs pour les compétitions interclubs”, se souvient celui qui travaille aujourd’hui dans la finance. Relais, 1.500 mètres… Il adore ce que la course lui procure, “un esprit libre, la vue sur des superbes paysages et un anti-stress”, c’est pourquoi, une fois dans la capitale anglaise et alors qu’il voit que le running est un des passe-temps préféré des Londoniens, il continue et participe à de nombreuses courses amateurs. D’abord sur des distances de 20 kilomètres avant de s’intéresser aux ultra-marathons de 50 et 100 kilomètres.
Mais tout ça est fini. C’est alors par hasard, dans sa salle de sports, qu’il découvre le rameur. “Je ne peux plus utiliser mes jambes, mais mes bras oui”, confie le Français. Vivant sur les bords de la Tamise, il voit aussi tous ces passionnés d’aviron et de kayaks profiter du fleuve. “J’ai contacté des clubs mais ils m’ont répondu que ce serait compliqué de m’accueillir ”. Qu’à cela ne tienne, Boris Dosseh n’a pas peur des défis. Il interpelle la British Rowing (fédération d’aviron, ndlr) qui lui parle d’une compétition en intérieur. Samedi 7 décembre, il représentera donc la France (de manière non officielle pour l’heure, il portera simplement une tenue avec le drapeau tricolore) et la MS Society lors de cet événement qui se déroulera au stade olympique à Stratford, dans l’est de Londres, parallèlement le trentenaire a donc lancé une collecte de fonds. Deux jours plus tard, il aura rendez-vous avec son médecin pour enfin avoir accès, espère-t-il, à un traitement adapté pour sa sclérose en plaques.