La fille de Delphine* est encore sous le choc, même près de deux mois après les faits.
Mercredi 28 mars, comme toutes les fins d’après-midis, son adolescente de 13 ans rentre en bus à la maison. “Elle était avec quatre autres copains du lycée dans le bus 14 en direction de Fulham. Tout se passait bien, ils riaient, parlaient”, raconte Delphine, directrice académique dans une école supérieure à Londres. Jusqu’au moment où un groupe d’ados anglais les prend à partie. “C’étaient des élèves de la Chelsea Academy, ils ont commencé à s’énerver. L’un deux qui était au téléphone leur a demandé d’arrêter de parler en français”.
Et les choses ont alors dérapé très rapidement, selon les dires de la Française. “Les Anglais sont devenus très agressifs, il y a d’abord eu une escalade verbale. Un des élèves de établissement britannique (la mère de famille n’a pas souhaité communiquer le nom, mais nous avons appris par la suite que c’était la Chelsea Academy, NDLR) a ensuite agrippé un ami de ma fille avant de le plaquer contre la fenêtre du bus”, assure Delphine, “le groupe a préféré ne pas réagir par peur de se retrouver face à un couteau”.
Les Français quittent donc le bus pour éviter que les choses ne dégénèrent davantage. “Sauf que les autres ados les ont suivi et ont continué à les insulter. Il y en a même un qui leur a lancé “Go back to your country” et “Welcome to Brexit Britain””. Pire, une des élèves du lycée De Gaulle a été frappée au ventre.
En rentrant à la maison, la fille de Delphine a bien évidemment tout raconté à sa mère. “Elle était choquée et en discutant avec elle, j’ai compris que ce genre d’agressions n’était pas rare, il y en a beaucoup plus qu’on le pense”, confesse la Française. Une amie française, installée elle aussi à Londres, lui a en effet confié que son fils avait été agressé à l’école. “On lui a lancé : “Frog, go back to your country””.
Le Home Office, ministère de l’Intérieur britannique, a rapporté l’an dernier que les agressions racistes avaient enregistré une forte hausse depuis le référendum sur le Brexit. Des pics sans précédent autour du référendum sur l’UE, mais aussi des diverses attaques terroristes à Londres, ont été enregistrés par la police. “Un pic notable dans ces chiffres recueillis par la British Transport Police a été constaté immédiatement après le vote du Brexit”, rapporte dans un de ses articles le journal The Independent. “Au cours des 12 mois précédant le référendum sur l’UE, un total de 3.046 crimes de haine ont été signalés à la police. Mais dans l’année qui a suivi ce vote, 4.980 incidents ont fait l’objet d’une enquête policière”, complète le média.
Plusieurs Européens ont été visés par des agressions physiques ou verbales depuis la campagne sur le référendum. Comme Véronique David-Martin, écrivain, qui a co-écrit le livre “In Limbo”, réunissant plus d’une centaine de témoignages de victimes. “On m’a déjà fait des commentaires désagréables sur mon accent français. Depuis juin 2016, on sent un vrai changement d’ambiance. Les gens se permettent aujourd’hui de faire des remarques qu’ils n’auraient jamais faites avant. J’ai déjà entendu des Anglais lancer : “Quand est-ce que vous rentrez chez vous?””.
Une Française, qui préfère garder l’anonymat, raconte qu’elle était constamment “harcelée” sur son lieu de travail, qu’elle a depuis quitté, lasse des commentaires qu’elle entendait. “Deux de mes collègues, avec qui jusque-là il n’y avait pas de souci particulier, ne cessaient de me dire de rentrer chez moi, que les Britanniques ne voulaient plus d’étrangers chez eux. C’était presque tous les jours et cela a fini par m’épuiser psychologiquement”. En a-t-elle parlé à sa hiérarchie ? “Oui, mais dans ce genre de cas, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre. Je n’avais pas envie de me battre, j’ai donc décidé de démissionner en septembre dernier après quatre ans dans cette entreprise”.
La jeune femme a depuis trouvé un poste dans une société francophone, basée à Londres. “Je vis ici depuis dix ans et je n’avais jamais connu une telle haine envers les étrangers. Je pensais que dans la capitale, on était protégé, car ici, on a toujours prôné le multiculturalisme. Il faut croire que le Brexit a même changé ça”, conclut-elle, avec une pointe de tristesse.
Interrogé, le lycée Charles De Gaulle a confirmé avoir eu connaissance de l’incident. “C’est la première fois qu’on nous rapporte une telle agression”, nuance le proviseur Olivier Rauch, avant d’ajouter, “nous ne savions pas que c’était des élèves de la Chelsea Academy, vous nous l’apprenez”. Aucune action a donc été prise suite à l’information de la mère de famille, Delphine. “De toute façon, nous n’aurions pas pu porter plainte car nous estimons que l’école n’est pas responsable du comportement de ces enfants, ce sont des actes individuels”, complète le directeur de l’établissement français.
Cependant, cette agression a amené Olivier Rauch à réfléchir à des mesures si cela se reproduisait, comme passer la consigne aux élèves victimes de tels actes de prendre en photo, quand ils le peuvent, leurs présumés agresseurs. “Cela pourrait servir à faire un signalement à la police”.
Chelsea Academy, de son côté, dit n’avoir jamais été au courant de cet incident. “Il est difficile pour nous de commenter ce qui se serait passé, car rien ne nous a été rapporté”, confie Lauren Allen, assistante du proviseur. “Si nous l’avions été, nous aurions pris cet incident très au sérieux. Si les parents souhaitent nous contacter directement, nous serons heureux de travailler avec eux pour identifier les étudiants et émettre une sanction appropriée”, a-t-elle complété, précisant que l’école est “tenue en haute estime dans la communauté locale et les parents d’élèves, incluant un grand nombre de Londoniens francophones”.
Delphine se dit choquée par tant de violence et l’attribue au climat d’hostilité post-Brexit. “Même en plein South Kensington, qui est loin d’être un quartier défavorisé, on peut avoir à faire à ce genre d’agressions. On a vraiment l’impression que ce sont des pulsions de haine envers les étrangers, qu’avec le Brexit, on a soulevé le couvercle et les gens n’ont plus aucun scrupule à tenir des propos racistes”, ajoute la mère de famille.
Peu d’enfants parlent de ces divers accrochages et attaques xénophobes, “par peur de représailles”, selon Delphine. Si elle ne souhaitait pas porter plainte – les autres parents ne voulaient pas non plus réagir -, elle a fini par se laisser convaincre par des amis. Mais trop tard, la société des transports londoniens, TfL, avait déjà effacé la vidéosurveillance. “Ils ne conservent les bandes qu’une semaine”. La police a été elle aussi prévenue, mais aucune suite n’a été donnée, faute de preuves. “La prochaine fois, j’appellerai directement l’école des élèves agresseurs, cela aura peut-être plus d’impact”.
Delphine a conclu une chose de ce triste épisode : “J’ai compris qu’il fallait faire profil bas pour ne pas avoir d’ennuis”.
(*prénom modifié)
24 Responses
Et si jamais Macron et Le Maire adoptaient une attitude plus conciliante vis a vis de leur allié qui a sauvé notre pays deux fois, cela aiderait peut-être aussi ! Le gouvernement français a une courte mémoire.
Commentaire absolument ridicule. Rien ne peut justifier ce racisme.
Mon dieu que vous etes idiot, c’est lamentable…
Pathetiquement cretin et ridiculeusement outrageant. Petit medreux si ca ne t’arrachait pas la gueule c’est les russes qui ont sauve l’Europe, pas les heros de la 26eme heure comme toi, minable
Parfois, s’abstenir de commenter a du bon. Vous en êtes la preuve.
I think you’ll find that it’s the Russians and the Americans who saved Europe in WWII, not the UK. Let’s not even comment on WWI.
Pour le monsieur qui sait tout.
La grande difference est qu’en France nous n’avons pas un gouvernement qui gouverne comme un gouvernement d’extreme droite (dieux soit loué). La xénophobie est bien présente pour tous les européens vivant au royaume-uni que l’on soit français, espagnole, polonais, Italien, etc..
This is disgusting. I apologize for these cowardly and stupid Brexit bigots.
Hi John,
You don’t need too, any country got them bunch of stupid radical people and I fully understand what you mean, thanks.
What I found astonishing is the role taken by the current Tory gouvernement which are allowing and somewhat promoting that radicalism. I found also very sad than the UK population is very divided.
Bon. Ce n’est qu’une partie de l’histoire. On ne sait pas comment se sont comportés les élèves du lycée français. Mon fils est un élève de Chelsea Académie. Il n’a jamais eu de problèmes parcequ’il parle Français. Je lui ai fait lire l’histoire, il était surpris tout comme ses amis européens (et il y a beaucoup d’élèves de la communauté européenne à CA
Il y avait deux personnes qui parlaient dans un train.
Une autre personne dans le train leur a crié de parler en anglais, ou de retourner dans leur pays. Ils ont répondu “Nous sommes déjà là.” “Nous sommes gallois”
“Vous êtes au Pays de Galles, pas en Angleterre.”
bizarre histoire. Plus de 20 ans de vie au Royaume Uni. je n’ai ressenti aucun changement depuis le Brexit envers moi ou ma famille quelque soit le quartier, la boutique ou l’enteprise ou je me trouve. Je dois avoir une chance enorme car je n’ai jamais ete victime de racisme primaire en Angleterre.
Interessant, dans mon cas la francophobie/germanophobie/europhobie etaient pour moi criantes meme 5 ans avant le referendum. Ouvrez n’importe quel journal ou tabloid britannique.
Le mot ‘racisme’ est inapproprié. C’est le mot ‘anti-nationalisme’ qui s’applique dans ce cas. Les français et les anglais sont de la même race.
Alors les Francais de l’etranger, on ne bombe plus le torse loin de ses bases? si c’etait des emigres banlieusards qui avaient fait ca, de surcroit musulmans, hein, branle bas de combat, tele, reportages, manifs, plaintes, etc eri, etc etera….
Lå , on refuse “de se battre” on laisse couler, le principal francais? ah, j’ai po entendu…c’est meme la vaillante Assistante, juste assistante qui a propose de venir avec des elements pour AIDER å l’identification, le coq devenu poule, a baisse le froc, faut faire profil bas…oui fort avec les faibles, faible avec les forts. Je suis å 2 doigts de dire que vous meritez ce qui vous arrive, quand une telle basse couardise, vous conforte de rester “amis” car c’est la GB, lå ou vous, en vierges effarrouchees, auriez reclame toute relation diplomatique si c’etait un pays ou VOUS faites regner le chaos de l’importation d’une democrassie petrolifere. Vous voila bien
*reclame **rupture de toute relation etc…***
Daniel, vous êtes un âne.
Un âne ou un åne ?
Very sorry. The majority of people in the UK are not like this. We love France and many of us spend our holidays there. Every country has its morons and the UK is no exception
Quand les Europeens seront partis, et les riches business man anglais aussi, il ne resetera plus que la creme de la creme: les Vickie Pollard avec 3 gosses (peres different) a l’age de 21 ans, ou alors les obese de 40 ans en chaise roulante a moteur qui n’ont jamais travaille de leur vie (puisque l’etat est la), ou encore les rough avec leur pitbull et les survetements adidas! Le futur est vraiment beau! Merci le Daily Mail!
Je suis tellement désolée de ma part de mon pays, Royaume Uni, dont j’ai honte. Sachez bien que la plupart des Britanniques adore la France et les français et vous restez toujours bienvenus en Angleterre.
Je suis tres desolee. Comme beaucoup d’anglais, j’aime beaucopu la France et les Francaise. Cettes enfants ete jeune et malheureusement c’est facilement influencable. C’est la fautif de le brexit presse et le governement tory. Ils est supreme bigots.
Au peuple de France, je ne saurais trop m’excuser pour la bêtise et les abus dont a fait preuve le Brexit Britain. S’il vous plaît, sachez qu’il y a beaucoup d’entre nous qui détestons ce que la Grande-Bretagne est devenue et qui se battent pour rester dans l’UE. Je suis vraiment désolé.
On sait bien que Paris est paisible
Surtout Gare du nord, 93 (SSD) etc.