“Quand on est proviseur d’un établissement de cette taille-là, il y a toujours des gros dossiers à gérer”. Catherine Bellus-Ferreira sait de quoi elle parle, elle qui a été pendant sept ans à la tête du Lycée français international Louis Massignon à Casablanca, au Maroc. Un établissement du réseau de la Mission laïque et comptant 4,400 élèves répartis sur trois sites. Un effectif relativement plus important que celui du Lycée français Charles De Gaulle à Londres, où elle vient donc d’être nommée comme proviseure, succédant ainsi à Didier Devilard, resté en poste pendant cinq ans. Cette arrivée dans la capitale anglaise, elle la considère comme une “nouvelle expérience professionnelle dans un lycée prestigieux qui fait envie”.
L’ancienne enseignante, originaire de Toulouse, a déjà été personnel de direction d’un collège à Bordeaux, à Perpignan ou encore Castelnaudary, avant de prendre la tête du Lycée français à Alicante en Espagne puis celle du Lycée international Louis Massignon à Casablanca au Maroc. Mais son arrivée à Londres se fait dans un contexte bien particulier. En mars dernier, nous vous révélions que l’Ofsted avait en effet rétrogradé, dans son nouveau rapport d’inspection, la note de l’établissement, passé de “Good” à “Inadequate”. L’organisme avait relevé, entre autres, ”trop de faiblesses dans la façon dont les dirigeants travaillent pour assurer la sécurité des élèves” ; une “politique d’encadrement de l’école (qui) ne répond pas exactement aux exigences des directives légales” ; des “dirigeants (qui) ne tiennent pas suffisamment compte du risque lorsqu’ils prennent des décisions, par exemple en permettant aux élèves les plus âgés de sortir du site pendant la journée”…
Depuis cette annonce choc, des travaux ont été engagés “sérieusement”, assure la nouvelle proviseure, pour se conformer aux normes de l’organisme de notation. “Des travaux préparés depuis le printemps et qui vont au-delà de ce qui a été demandé par l’Ofsted”, ajoute-t-elle. Une promesse qu’il sera bientôt possible de juger sur pièce. L’organisme vient justement de mener une ‘monitoring inspection’. En effet, une équipe s’est rendue, à l’improviste, mardi 12 septembre au matin pour constater si les remarques faites à l’établissement lors de la précédente inspection générale avaient bien été prises en compte. “Nous rendons une copie de grande qualité”, estime Catherine Bellus-Ferreira, qui ajoute qu’un nouveau poste, un ‘designated safeguarding lead’, a même été créé pour répondre aux standards de l’Ofsted.
D’ici un mois, l’établissement devrait avoir un retour sur cette visite. “Il nous sera ensuite possible de demander à nouveau, d’ici 12 à 18 mois, une nouvelle inspection. Sinon, elle aura lieu dans cinq ans”, précise la responsable des établissements. Mais il n’y a pas que le gros dossier de l’Ofsted qui attendait la proviseure à son arrivée. La rentrée au sein de l’école Marie d’Orliac était aussi d’actualité. L’établissement, basé à Fulham et qui fait partie des écoles appartenant au Lycée français, a en effet fait l’objet d’inquiétudes en fin d’année scolaire dernière et une rénovation avait été nécessaire pour pallier le manque de sécurité du bâtiment. “Le borough a réalisé les travaux cet été, ce qui nous a permis que la rentrée se passe bien”, explique la proviseure.
Une rentrée 2023-2024 qui a compté, sur l’ensemble des établissements, un effectif de 3,465 élèves. Un chiffre “stable”, selon Catherine Bellus-Ferreira. En mars 2018, son prédécesseur parlait, lui, de plus de 3,600 élèves, déjà 500 de moins que les quatre dernières années précédentes, la baisse ayant été constatée sur les listes d’attente suite aux résultats du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne en 2016. “La vie a changé depuis le Brexit”, reconnaît la proviseure, qui se dit cependant ni inquiète ni angoissée. “Le Lycée français, appartenant au réseau AEFE, est un établissement moderne et international, qui continue d’accueillir différentes nationalités et qui propose un système éducatif français homologué, garantissant une éducation de qualité, disposant d’une stratégie linguistique et d’une vision de l’enseignement avec un aspect citoyen. C’est cela que nous essayons de valoriser et les familles ne s’y trompent pas”.
Même si la conjugaison du Brexit, de la pandémie et de la crise économique a provoqué le départ de certains Français du Royaume-Uni, la communauté française au sein des écoles du Lycée français demeure toujours stable. “Nous n’avons pas constaté de changement”, souligne-t-elle, “nous comptons au total 46 nationalités. C’est une population d’élèves qui ressemble à Londres, à ce qui se passe dans le monde, avec des personnes qui bougent au gré de leur travail, de leurs envies”. Le plus important pour la cheffe d’établissement demeure que les écoles appartenant au réseau du Lycée français restent attractives. “Nous n’avons pas vocation à faire exploser les effectifs”, insiste Catherine Bellus-Ferreira.
Crédit photos : Alexandra Roche