La reprise économique post-Covid, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que les sanctions imposées par les pays de l’Ouest ont provoqué la l’explosion des coûts de l’énergie dans les pays européens, fortement dépendants des ressources acheminées à partir des pays de l’Est. En France comme au Royaume-Uni, les ménages et les entreprises ont ainsi connu une augmentation de leur factures de gaz et d’électricité. Mais la flambée des prix a été anticipée de différentes façons entre les deux pays. Exemple avec l’entreprise française EDF, présente des deux côtés de la Manche.
Une récente étude publiée par le Bureau des statistiques nationales (Office for National Statistics) indique que 40 % des personnes interrogées au Royaume-Uni ont rencontré des difficultés à payer leur factures d’électricité et de gaz an avril 2022. De ce fait, l’augmentation du prix de l’énergie a été plafonnée à 54 % au Royaume-Uni en avril 2022 par le régulateur britannique Office of Gas and Electricity Markets (Ofgem) en comparaison avec un plafonnement à 4 % en France.
Ce seuil fixé par l’Ofgem a provoqué une hausse significative des dépenses énergétiques annuelles des ménages britanniques, estimée entre £1,970 et £2,017 à l’année. Selon une étude de la Resolution Foundation, cette montée des prix pourrait faire basculer près de 5 millions de ménages anglais dans la « précarité énergétique » contre 2,5 millions avant le changement annoncé par le régulateur.
Face à cette urgence, le gouvernement britannique a déployé un programme d’aide, le Energy Bills Rebate, qui devrait rentrer en application en 2023. Ainsi, 28 millions de foyers pourraient bénéficier d’une réduction de £200 sur leur factures, avec un échelonnement sur cinq ans.
Du côté de l’Hexagone, l’Insee prévoit une augmentation des prix de l’énergie de 26,6 % cette année pour les ménages français (contre 8,8 % en avril 2021).
En France comme au Royaume-Uni, EDF est l’un des principaux fournisseurs de gaz et d’électricité. Sa filiale britannique EDF Energy répond à un cinquième des besoins énergétiques du Royaume-Uni et l’entreprise mère, dont 84% du capital social appartient à l’État français, reste le plus gros fournisseur dans l’Hexagone. Cette appartenance publique a permis au gouvernement d’Emmanuel Macron d’imposer un plafond de 4 % sur l’augmentation du prix de l’énergie en France, dans l’objectif de « préserver le pouvoir d’achat des Français ».
De l’autre côté de la Manche, l’aide ne se traduit pas par un boulier tarifaire mais par un soutien financier direct. EDF Energy indique en effet à French Morning London que 5,2 millions de livres sterling ont été mobilisées pour venir en aide aux consommateurs, notamment les retraités et les personnes à très faibles revenus, dans le cadre du programme gouvernemental Warm Home Discount. Une réserve supplémentaire de 6,4 millions de livres sterling sera également déployée au cours de l’année pour soutenir ses clients. En interne, EDF Energy indique que l’entreprise consacrera 20 millions au développement de mesures d’efficacité énergétiques destinées aux ménages en situation de précarité énergétique.
Les déséquilibres géopolitiques et la reprise économique ont incité les pays à s’orienter vers une plus grande indépendance énergétique. Au début du mois d’avril, le Premier ministre britannique a annoncé un nouveau projet de loi sur l’énergie et a indiqué vouloir « corriger les erreurs du passé et se préparer à relever les défis à venir ». Pour favoriser l’autonomie énergétique du Royaume-Uni, l’entreprise française reste au cœur de cette transformation. Boris Johnson mise sur l’extension du parc nucléaire existant (notamment la centrale EDF Sizewell B), ainsi que sur la construction de huit réacteurs nucléaires prévue d’ici 2030.
EDF Energy confirme « travailler d’arrache-pied pour terminer la construction de la centrale Hinkley Point C », EPR situé dans le Somerset et dont la construction a débuté en 2018, et se concentre à présent sur le lancement d’une autre centrale en Suffolk, Sizewell C. « À terme, Sizewell B, Sizewell C et Hinkley Point C devraient produire de l’électricité à faible émission de carbone pour plus de 15 millions de ménages », conclut EDF Energy.
(Crédit photo de Une : Shutterstock / Gulpa)