“Des solutions dingues” pour reconnecter nature et villes, c’est ce que Manon Turina et François Marques, deux Toulousains âgés de 25 ans, veulent mettre en avant dans un film documentaire. Ce projet, né à Londres et intitulé “La Belle ville”, consistera à filmer, lors d’un voyage de six mois à travers le monde, des initiatives “vertes” dans les grandes villes, dont la capitale anglaise.
“Être citadin, c’est un style de vie qu’on adore”, confient les jeunes Français, tous les deux issus d’une formation commerciale. En effet, leurs années d’études leur ont permis de vivre dans différentes zones urbaines, comme Madrid pour Manon Turina ou Bucaramanga en Colombie pour François Marques. Puis, leurs premiers pas dans le monde professionnel les ont conduit à Londres où les deux amis ont pu apprécier les avantages qu’offre la vie dans une telle capitale.
Cependant, une chose n’a cessé de leur manquer : la nature. “On s’est demandé comment on pouvait améliorer notre qualité de vie en ville parce que c’est vrai qu’on ne s’y retrouvait pas tellement”, déclare François Marques y regrettant le peu de “vert”.
Bien qu’à Londres, la pollution et le béton sont bien réels, ses grands parcs, que le jeune homme désigne comme étant de “grands poumons” en plein centre-ville, ont provoqué l’intérêt du binôme. “Ville verte ou résiliente, les politiques n’ont que ce mot-là à la bouche, donc on a contacté des experts pour savoir s’il s’agissait d’un engouement réel ou d’une simple utopie”, explique le jeune homme.
Après s’être entretenus avec des associations comme l’Association Française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP) ou Zéro Waste France, les Toulousains en ont conclu qu’il était pertinent de réaliser un documentaire sur les initiatives existantes intégrant la nature à l’espace urbain. “C’est un sujet qui nous intéressait personnellement et on a vu qu’on n’était pas tout seul”, expliquent-ils, après avoir dégagé trois principaux thèmes à aborder : l’agriculture urbaine – en d’autres termes, la relocaliser dans les villes – la végétalisation pour dépolluer l’air et la valorisation des biodéchets pour créer de l’énergie.
C’est donc lors d’un tournage de six mois qui débutera en mars 2021 que Manon Turina et François Marques mettront en avant ce qui, pour eux, sera “la ville de demain”. “Nous voulons découvrir et faire découvrir”, affirment-ils. Ils ont prévu de filmer en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie, à Singapour et Tokyo.
Pour ce qui est du continent européen, Londres et le Royaume-Uni sont évidemment des passages obligés. Ils iront par exemple à la rencontre de l’entreprise The edible bus stop, transformant des espaces urbains tels que des abris bus en lieu de partage intégrant agriculture urbaine et végétalisation. On verra également à l’écran Urban Growth London créant des espaces biodiversifiés dans la capitale. De plus, Rob Hopkins, enseignant en permaculture britannique et initiateur en 2005 du mouvement international des villes en transition, apparaîtra aussi dans le documentaire.
Ainsi, toutes ces rencontres sont, pour ce binôme, une “manière d’agir à leur échelle pour un avenir plus positif”, le format du documentaire étant alors leur moyen d’expression. “On a choisi ce support parce qu’il nous permettait de proposer une solution à la fin”, explique Manon Turina, qui projette avec son partenaire de trouver leur propre initiative pour ramener la nature en ville à la fin de leur voyage.
De plus, le binôme a aussi prévu “l’après” du film, avec des “ciné-échanges”, des fiches techniques pour recréer les initiatives présentées, un dossier pédagogique pour les élèves des collèges, lycées, et universités mais aussi des formats de vidéos courtes pour “toucher la jeune génération”. “Le but est de sensibiliser le public et de pousser les gens à agir”, ajoute la jeune femme, qui réfute tout de même toute forme de militantisme. “C’est tout sauf un film écolo”, affirme-t-elle, voyant dans ce mot un terme politisé auquel ils ne veulent pas être associés. “On ne veut pas faire de la politique. Certains vont dans la rue, et il en faut, mais nous, on s’exprime par l’audiovisuel”, conclut Manon Turina.
La Belle ville n’en est pas encore à l’étape du voyage mais à celle de la récolte de fonds. Le budget du projet s’élève à 100.000 €, dont 10.000 qui pourraient être déjà collectés grâce à une campagne de financement participatif lancé depuis le 4 janvier et qui s’achèvera le 19 février.