Le maire de Londres, Sadiq Khan, encourage ses concitoyens à utiliser le moins possible, du fait de la Covid-19, les transports en commun, mais aussi, pour des raisons écologiques cette fois, la voiture. Que reste-t-il alors pour se déplacer dans la capitale ? Les petites jambes dont la nature nous a dotées… et la Footways map, lancée par Transport of London!
“Historiquement, les Londoniens avaient pour habitude de marcher énormément”, explique David Harrison, l’un des penseurs de cette nouvelle carte de Londres recensant les rues londoniennes les plus intéressantes à sillonner à pied. C’est donc avec cette volonté de (re)faire découvrir le plaisir de la marche aux habitants de la capitale anglaise que ce plan a été réalisé.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son succès a plutôt été immédiat : lancée mi-septembre, la version “Google Maps” de la carte a déjà été vue 126.000 fois, sans compter les individus qui l’utilisent en version papier. Car pour ceux qui préfèrent se balader dans les rues de Londres en dépliant régulièrement leur plan, comme à l’ancienne, cela est tout à fait possible. Des points de collecte sont présents dans plusieurs bookshops de la ville, et il est également possible de se faire envoyer la carte par voie postale.
Mais comment fonctionne cette Footways map ? Grâce à un réseau d’itinéraires, elle permet à ses utilisateurs de rejoindre leurs destinations en passant par des rues accueillantes et plus accessibles que celles où les bouchons s’enchaînent. Les grandes destinations comme les gares, les espaces verts, ou encore les endroits les plus touristiques, y sont reliées à ces rues qui ne paient pas de mine, mais qui sont en réalité bien plus agréables.
Pour ceux qui ne sont pas persuadés par le fait de revoir leur façon de se déplacer à Londres, David Harrison avance un très bon argument. “Pour des trajets de 30 minutes, marcher n’est pas nécessairement plus long que prendre le bus, le métro ou encore le taxi.” Exemple à l’appui : il ne faut que 20 minutes à pied pour relier Euston au British Museum, contre 17 minutes en métro et 18 en taxi. Sans parler des effets positifs sur la santé, la pollution de l’air et le changement climatique.
Le projet aurait d’ailleurs dû être lancé plus tôt, mais confinement oblige, sa concrétisation a été repoussée. Cependant, il semble aujourd’hui beaucoup plus cohérent à ses créateurs d’avoir attendu, les gens souhaitant éviter au maximum les transports en commun en cette période de pandémie. “Marcher est redevenu quelque chose d’important pour eux”, souligne le créateur.
Lui, par contre, n’a pas redécouvert cette activité grâce à l’épidémie. David Harrison est en effet passionné de marche depuis longtemps, et a arpenté de nombreuses villes, notamment Paris. Sa fille ayant vécu pendant 4 ans dans la capitale française, le Londonien y a en effet passé de nombreuses heures. Il avoue alors que les projets de changement qui y ont été pensés l’ont inspiré. “Les déclarations de la maire Anne Hidalgo sur la marche et le cyclisme m’ont clairement donné des idées. Il me semble important que Londres suive Paris sur ce type d’évolutions.”
David Harrison a également découvert un parallèle entre les deux capitales européennes, déterminant dans la conceptualisation de Footways map. “Je savais que Paris avait été transformé par Haussmann au XIXème siècle avec la création notamment de grands boulevards. Mais ce que j’ai appris récemment, c’est qu’un événement similaire a eu lieu à Londres avec la construction de nombreuses routes comme celles de Regent Street ou Victoria Street. C’est à ce moment que m’est venue l’idée que de telles routes, très larges, devraient principalement être utilisées pour la circulation routière, tandis que les petites ruelles qui les bordent devraient être désengorgées pour y favoriser la marche.”
Pour le moment, la carte ne propose ses itinéraires alternatifs que dans la partie centrale de Londres, mais “nous avons bien évidemment la volonté de l’étendre”, confie le Britannique qui a arpenté pendant près de 18 mois la ville, qu’il “connaissait heureusement bien. Puis j’ai aussi été aidé par de nombreux volontaires, il ne faut pas l’oublier”, sourit-il.