“Cette conférence sera l’occasion de parler de ce qu’est la franc-maçonnerie et de déconstruire les fantasmes qu’il y a autour”, promet Thomas G. (nous ne donnerons pas son nom de famille pour des raisons personnelles, ndlr), président de la loge londonienne The White Swan, branche de la Grande Loge de France. Samedi 18 mai à l’Andaz Hotel du côté de Liverpool Street, l’organisation propose en effet au public intéressé d’échanger autour du thème “Humanisme, Spiritualité et Tradition, Être Franc-maçon à la Grande Loge de France” avec pour invité principal de la soirée le Grand Maître Pierre-Marie Adam.
La branche londonienne, née dans les années 80, accueille aujourd’hui 55 inscrits. Seuls les hommes sont acceptés dans ce cercle, où il est nécessaire d’être initié pour y entrer. “Un seul critère est demandé pour pouvoir rejoindre notre loge : partager les valeurs humanistes”, explique Thomas G. qui a été élu à la tête de The White Swan il y a deux ans, après en avoir été membre plusieurs années. “Nous ne demandons aucune croyance en Dieu, comme dans certaines autres loges. Que vous soyez athée, déiste, issu de n’importe quelle religion, la seule chose que l’on demande c’est de croire en l’Homme, de le mettre au centre”. Exit donc toutes les postures extrémistes. “Ce qui nous inspire c’est la philosophie des Lumières”, résume le Français.
La loge The White Swan est continuellement à la recherche de nouveaux membres et le rendez-vous du samedi 18 mai est aussi organisé pour donner envie à des nocives de rejoindre les rangs de la Frans-maçonnerie londonienne. Mais y entrer n’est pas une mince affaire, tout est une question de motivation. “On rencontre d’abord la personne pendant une heure pour comprendre sa démarche, puis trois membres mènent chacun de leur côté une “enquête” sur le candidat et remettent ensuite leur rapport. Si les conclusions sont satisfaisantes, alors l’étape suivante est enclenchée”, explique Thomas G.
Cette étape, c’est celle du “bandeau” où lors d’une cérémonie, le candidat, les yeux bandés, doit répondre à 7 questions. Si le “jury” est convaincu, alors la personne peut enfin devenir membre. Ce processus pourrait donc en effrayer plus d’un. “Mais justement, cela sert à être sûr de la motivation et des valeurs du candidat”, rectifie le président, “mais aussi et surtout pour savoir s’il est prêt. Tout le monde peut entrer dans une loge mais à condition que ce soit le bon moment dans sa vie, que ce soit à une période où cette personne se pose des questions, se met en recherche”. En somme, qu’elle soit entrée dans une quête de soi et de sens.
Une fois le pied dans la maison, le nouveau membre, appelé apprenti (avant de devenir compagnon puis maître), pourra assister aux “tenues”, réunions encadrées par un rituel. C’est donc de là que proviendraient tous les fantasmes qui collent à la peau de la franc-maçonnerie. Car oui, il y a tout un protocole à suivre là aussi pour ces “tenues” avec symboles, musiques, jeux de lumière, etc. mais cette scénographie n’est là que pour “instaurer une certaine solennité”, précise Thomas G. Et que se passe-t-il exactement lors de ces “tenues” ? “Lors de ces réunions, un “frère” vient présenter pendant une vingtaine de minutes des planches concernant un sujet lié au symbolisme et sur lequel il a travaillé, puis chacun des membres a un temps de parole pour apporter son point de vue, avant de fermer le rituel”. Thomas G. insiste sur le fait que personne n’est là pour imposer son point de vue ou pour discuter pendant des heures du sujet du jour. “Ce n’est pas un débat d’idées, il n’y aucune volonté non plus de se mettre d’accord. On donne simplement son avis et on respecte la diversité des “apports” de chacun qui viennent nous enrichir et nous permettent de cultiver la tolérance”.
Quand on lui demande ce que la franc-maçonnerie, qu’il a rejointe il y a 12 ans en France, a apporté à sa vie, Thomas G. répond : “Cela autorise à rencontrer des gens avec des métiers différents. D’ailleurs à Londres, les membres sont le reflet de la communauté française de la capitale avec des médecins, des restaurateurs, des avocats, des financiers, des employés de banque… Certains s’intéressent à des sujets très pointus et sont même des vrais puits de sciences que ce soit par exemple sur la physique quantique, la kabbale, la philsophie antique, l’art… Chacun amène quelque chose pour nous permet d’avancer sur notre propre chemin”.
Mais le Français précise que l’idée qu’intégrer une loge offrirait un réseau professionnel hors norme est “très surfaite”. “Les métiers représentés sont différents, donc cela n’aide pas forcément”. Quant à la prétendue volonté de dominer le monde, Thomas G. rit de ce cliché. “C’est faux bien évidemment. Certains voient notre présence partout avec le fameux “illuminati”, l’histoire du symbole de cet œil dans un triangle qui serait partout et qui signerait l’existence d’un complot est complètement abbérante. C’est simplement un symbole divin qui date de la Renaissance”. Le Français invite donc le public à constater par lui-même samedi 18 mai que la loge n’a rien à cacher et n’a rien d’une organisation complotiste.