Donald Trump l’a annoncé mercredi 11 mars au soir : face à l’épidémie de coronavirus, les Etats-Unis interdisent aux Européens l’entrée sur leur territoire, et ce, pendant 30 jours. Mais le président américain a décidé de faire une exception : à la différence de la France par exemple, le Royaume-Uni ne fait pas partie de la liste des pays bannis. Mais qu’en est-il si on est Français résidant sur le sol britannique ?
C’est la panique depuis l’annonce de Donald Trump. Plusieurs ressortissants français, installés notamment à Londres, se demandent s’ils vont pouvoir voyager vers les Etats-Unis. C’est le cas de Juliette*, qui a prévu un séjour à New York avec des amis et dont le départ est fixé au 24 mars. “J’ai appris la nouvelle via Twitter dans la soirée”, raconte la jeune femme. La première question qui lui vient à l’esprit : vais-je pouvoir partir ? Car Juliette est rentrée en France il y a quinze jours et doit se rendre en Suisse, qui fait partie de l’espace Schengen, avant ce voyage. Petit problème car selon la “proclamation présidentielle” qui fixe les nouvelles règles “la présence pendant les 14 jours précédant l’entrée sur le territoire américain dans un pays de l’espace Schengen” ne permettra pas de passer la frontière américaine. Ainsi un Français en provenance de Londres sera donc autorisé à entrer, à condition qu’il ne soit pas allé en France ou en Suisse dans les 14 jours précédents.
Pour la jeune femme, cette mesure est incompréhensible. “Quand je compare le nombre de personnes et le nombre de malades, je trouve qu’il y a une grande différence. Par exemple, en France, il y a 67 millions d’habitants et à peine 3.000 qui sont atteints du coronavirus”, expose Juliette. Alors hors de question d’annuler ces vacances. “Je pense qu’il n’y aura pas de soucis puisque cela fera plus d’un mois que je suis rentrée de France. Au pire des cas, on me renverra dans mon pays”, philosophe-t-elle. Pour son déplacement en Suisse, les choses pourraient aussi évoluer. L’inquiétude persiste néanmoins sur le déroulé du séjour avec l’éventualité de ne pas accéder à des lieux touristiques new yorkais. “J’ai plus peur de ne pas pouvoir en profiter que d’attraper les coronavirus”, résume la Française.
D’autres compatriotes sont dans la même incertitude que Juliette. C’est le cas de David*, qui a prévu de partir dans deux semaines, lui aussi à New York. “Cela fait tellement longtemps que j’attends ces vacances. Je suis vraiment dégoûté”. Car contrairement à la jeune femme, lui doit rentrer impérativement en France le week-end prochain. “J’ai un événement familial prévu de longue date et je ne peux vraiment pas l’annuler”, dit-il dépité. Pourtant, il le sait : il va devoir choisir. “Je ne comprends vraiment pas pourquoi Donald Trump fait ça. Je peux autant avoir attrapé le coronavirus à Londres qu’au fin fond de la Loire”, s’agace David, “franchement, la situation n’est pas non plus pire aux Etats-Unis qu’ici ou en France. Marre des politiques !”. Le jeune homme se donne encore quelques jours pour décider de ce qu’il va faire.
Charlotte*, elle, doit s’envoler pour la capitale économique américaine le 31 mars prochain. Si elle est soulagée du fait que son dernier voyage en France date de la mi-février, elle craint que la mesure soit très vite étendue au Royaume-Uni. Si la situation sur le sol britannique n’a en effet pas encore atteint celle de la France ou de l’Italie, rien ne dit que dans les 30 jours à venir, les choses ne changent pas. “C’est probable, j’ai l’impression qu’ici on a une à deux semaines de retard par rapport aux autres pays”, confie la jeune femme, “mais je croise le doigts pour que cela ne soit pas le cas”. La Française ira donc à New York, mais a déjà tout prévu. “On a réservé des hôtels la semaine dernière avec annulation gratuite exprès, ça coûte plus cher, mais on a joué la prudence”, confesse-t-elle.
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*Les personnes n’ont pas souhaité que soit mentionné leur nom de famille