Boris Becker a encore du mal à comprendre comment la situation a pu dégénérer au point qu’il finisse en prison. Quatre jours, c’est le temps que cette célébrité de Youtube a en effet passé derrière une cellule du commissariat de police de Brixton. Pourtant, jure-t-il, tout partait d’une blague anodine. Le jeune homme de 28 ans est en effet un “serial prankster”, autrement dit il réalise des vidéos “humoristiques”, dans lesquelles il se met en scène en piégeant des anonymes, mais aussi des célébrités comme Patrick Bruel, Jean-Claude Van Damme ou des rappeurs connus. “J’ai toujours été un showman et aimé divertir en faisant rire les gens”, explique Boris Becker.
Cet ancien danseur, reconverti dans la blague en série, est devenu une star “par hasard”. En novembre 2017, il poste des premières vidéos sur son compte Facebook et rapidement les partages le font connaître au-delà de son cercle proche. Le concept : parler en faux anglais en accostant des passants et voir leur réaction. “C’était en mode caméra cachée”, détaille le jeune homme, “c’était drôle de voir comment réagissaient les gens, la plupart du temps ils étaient gênés”, rit-il. Le succès arrive très vite, avec des milliers de commentaires sous ses vidéos. Le public a plutôt l’air d’aimer son humour, pour preuve, en un an, 350.000 personnes s’abonnent à ses réseaux sociaux. Et ce n’est que le début, puisque fin 2019, 1 million de followers suivent les aventures du Belge. Aujourd’hui, ils sont près de 2 millions.
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Depuis trois ans, Boris Becker n’avait jamais eu de démêlés avec les autorités ou avec les personnes piégées, ni en Belgique ni en France où il a sévi ces trois dernières années. “J’anticipe tout et surtout quand je vois que ça va trop loin, j’arrête tout de suite. Mon idée est surtout de ne vexer personne. D’ailleurs, je demande à chaque fois aux gens piégés si je peux exploiter la vidéo avant de la poster”, assure le jeune homme. Sauf qu’à Londres, où il a décidé de s’installer quelques semaines depuis mi-décembre, son humour n’est visiblement pas passé. Samedi 23 janvier, en début d’après-midi, Boris Becker et un de ses amis se rendaient à quelques mètres de chez eux pour “acheter quelque chose à manger”. “On a vu un agent de la voie publique qui était en train de dresser une amende. On a donc décidé de le piéger”, explique le jeune homme.
Il s’approche et s’adresse à l’agent avec un faux accent anglais. “Il ne comprenait évidemment pas ce que je lui disais. Je continuais à le taquiner, mais il a pris la fuite, on l’a donc suivi pour lui dire que ce n’était qu’une blague”. Mais l’agent se dirige vers un van de police, visiblement effrayé par les deux hommes qui lui courraient après. “On a dit aux policiers qu’on voulait juste filmer une vidéo drôle”. Mais les choses s’enveniment. L’ami de Boris Becker est fouillé. “On m’a demandé de partir et un des fonctionnaires a commencé à m’insulter, en disant que j’étais stupide et idiot. Je sentais bien que c’était de la provocation”.
Il décide de faire un “direct” sur ses réseaux sociaux pour expliquer la situation à ses followers. Son ami le rejoint quelques minutes plus tard, après avoir reçu une amende de £200. Ils pensaient alors que cette mauvaise blague était finie, mais ils se trompaient. “On était à deux minutes de notre appartement quand on a recroisé les mêmes policiers qui sont passés devant nous en voiture avec leur sirène. Puis ils se sont arrêtés et on a pris peur. On a donc couru”. Mais la police les rattrape. “Le policier qui m’avait insulté m’a mis les menottes et les a serré très fort”, se souvient Boris Becker, qui jure qu’il ne montrait aucune opposition. “J’ai crié en lui disant qu’il me faisait mal, puis on m’a emmené dans la camionnette où on m’a fouillé”. Le Belge a beau répéter qu’il était simplement un Youtubeur qui fait des blagues, les policiers n’en ont cure. “On me disait de la fermer, puis ils m’ont ramené au poste, mais pas à celui de Westminster, là où j’ai été arrêté, mais à celui de Brixton. Je me demande encore pourquoi d’ailleurs”.
Au commissariat, les choses s’enveniment. “Ils n’ont pas cessé de se moquer de moi, alors que je suis toujours resté courtois et poli”, assure le jeune homme. Le juge de permanence a été ensuite appelé pour savoir quelles suites donner, les policiers expliquant que l’arrestation a été justifiée par le fait que Boris Becker a enfreint le confinement, ne pouvant pas justifier d’une adresse, ce que réfute le Belge. “Ils me faisaient aussi passer pour quelqu’un de dangereux”. Apeuré, Boris Becker ne demande ni avocat, ni appel à un membre de sa famille. “Je me disais surtout que je n’avais rien fait de grave, que tout allait se terminer par une simple amende. Mais je me suis trompé”. Il est emmené en cellule, en attendant le retour du juge, mais les tribunaux étant fermés le dimanche, il sera obligé de dormir derrière les barreaux du samedi soir au lundi matin.
Une expérience qu’il ne pourra jamais oublier : difficulté à dormir – “le lit me faisait mal au dos” -, repas indigestes, impossibilité de voir sa compagne, solitude, attente interminable et aucune réponse sur les suites de son dossier… 60 heures inoubliables. Finalement, la situation va s’éclaircir, d’abord parce que les managers du jeune homme, prévenus, ont pu saisir un avocat. Puis, mardi 26 janvier, Boris Becker est enfin présenté devant la cour de Westminster. “Cela a duré deux secondes. Le juge a dit qu’il ne savait même pas pourquoi j’étais là et il m’a libéré”. Aucune amende n’a été dressée. “Tout ça prouve bien que j’ai subi une grande injustice. Je ne parle pas de racisme, mais de domination de personnes se sentant au-dessus des lois et qui m’ont traité comme un criminel, alors que je n’ai rien fait”.
Si Boris Becker se dit se sentir bien mieux quelques jours après sa sortie de prison, il explique qu’il ne se taira pas et continuera à raconter ce qui lui est arrivé. “Ces policiers doivent savoir que ce genre de comportement a des conséquences”, lance le Youtubeur. Le jeune homme ne compte pas non plus quitter Londres, d’ailleurs cette mauvaise expérience ne l’a pas dégoûté de la capitale anglaise.