Comme si le Brexit ne suffisait pas à créer des incertitudes, voilà que le nouveau coronavirus perturbe l’organisation des échanges universitaires. Certains étudiants français, comme Cécile, Ayoub et Océane*, censés partir en Erasmus en Angleterre ont eu des grosses sueurs froides face à l’absence de réponses de la part de leurs universités devant valider leur rentrée.
C’est généralement au printemps que les étudiants des facultés françaises savent s’ils partent en Erasmus. Cette année, cette période a surtout été celle du confinement en France, ce qui a stoppé net les procédures administratives d’inscription dans les universités partenaires du Royaume-Uni. “Je n’avais aucune nouvelle de la part de Kingston, mon université à Londres, qui devait m’envoyer un mail. Du coup, je ne savais pas si j’allais pouvoir partir ou pas”, explique Cécile*, étudiante en Licence 3 à l’université Lumière Lyon 2.
Comme elle, d’autres étudiants français ont alors été livrés à eux-mêmes et ont dû se débrouiller seuls pour gérer les démarches administratives qu’implique un séjour prolongé à l’étranger. “J’ai essayé de contacter tous les numéros que j’ai pu trouver et un seul a finalement répondu”, explique Ayoub, étudiant à l’Ecole nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble. Depuis le jeune homme, qui a vu sa facture de téléphone du mois d’août exploser, ne décolère pas.
Mais quand les universités daignent enfin répondre, ce n’est pas pour autant arranger la situation, d’après Cécile. “J’étais censée partir en septembre mais en août, je ne savais toujours pas si je le pouvais. Kingston m’a d’abord écrit qu’ils ne prenaient plus d’étudiants Erasmus sur le premier semestre. Mais la dernière semaine d’août, l’université m’a renvoyé un mail pour me dire que finalement j’étais la bienvenue en septembre”, explique la Française. Ainsi, l’étudiante, perdue dans toutes ces informations contradictoires, s’est retrouvée à organiser son séjour dans la capitale anglaise dans l’urgence, en trois semaines exactement.
Ayoub raconte avoir été lui aussi confronté aux mêmes incertitudes et s’agace du manque de transparence des universités. “Ce n’est pas un jeu. On parle là de notre éducation, notre vie professionnelle et notre avenir.” Cette perte de temps dans les réponses aura aussi eu comme conséquences pour certains de mettre en pause leurs projets de job saisonnier ou de stage afin de faire face à n’importe quel retournement de situation. De quoi créer de la “frustration”, commente le jeune homme.
Et le stress ne s’arrête pas. Quand les universités donnent leur feu vert, un autre problème se pose : la mise en place, depuis fin août, d’une quarantaine obligatoire du gouvernement britannique. “Je me sentais très mal de partir à partir du moment où la quarantaine a été annoncée, j’ai même perdu trois kilos en quelques jours tellement j’étais stressée”, avoue Océane*, étudiante à Tours et devant rejoindre la Queen University of London. En effet, il faut alors gérer les problèmes logistiques à distance tout en s’adaptant à cette situation exceptionnelle. “Nous avons fait la plupart des démarches pour trouver un logement en ligne, ce qui est assez risqué au niveau des arnaques”, analyse la jeune femme, qui a eu la chance d’être aidée par sa famille.
La rentrée de septembre 2020 n’est pas encore un soulagement pour tous puisque le déroulement du semestre reste perturbé par la crise sanitaire. “A cause de la quarantaine, je ne vais pas pouvoir assister à la pré-rentrée. Je ne sais même pas encore si les cours seront entièrement en ligne pour les étudiants Erasmus”, regrette Cécile.
*Les personnes n’ont pas souhaité donner leur nom de famille.