“Nous aimons chercher à toujours faire évoluer l’éducation. Nous sommes dans un monde en mouvement. La relation des familles à la physicalité de l’école change”, déclare Mireille Rabaté, proviseure du Lycée international Winston Churchill de Londres.
En juin dernier, après une adaptation au confinement qui s’est “bien passée” et qui a été “bien reçue” par les élèves et leurs parents, l’établissement londonien a décidé d’offrir la possibilité à ses élèves de faire l’école à la maison. Ce programme entièrement en distanciel, appelé LIL Online, propose une nouvelle manière d’aller à l’école lorsque les élèves ne souhaitent pas ou ne peuvent pas s’y rendre. Ce choix peut être motivé par des raisons diverses, de santé, d’éloignement ou des motifs personnels. Le programme s’inscrit également dans le contexte sanitaire actuel comme le fait remarquer Mireille Rabaté. “Il est possible que certains parents ou enfants aient du mal à revenir à l’école avec les nouvelles conditions sanitaires.”
La rentrée présente déjà de nouveaux enjeux pour l’établissement qui gère actuellement une “situation hybride”. Certains élèves ne peuvent pas encore se rendre à l’école pour cause de quarantaine obligatoire. Ils suivent alors les cours qui ont lieu en présentiel par visioconférence grâce à la plateforme Zoom. L’établissement démontre ainsi, selon la proviseure, sa capacité à s’adapter aux situations inédites même si, précise-t-elle, ce système hybride n’est pas tenable sur le long terme. “Pour l’instant, nous proposons l’école soit entièrement en présentiel soit entièrement en distanciel.”
Faire l’école à distance n’est pas une nouveauté pour le Lycée international Winston Churchill. Depuis son ouverture il y a cinq ans, plusieurs expériences ont été tentées et elles ont toujours été couronnées de succès, assure la responsable de l’établissement. En effet, en juin 2016, le lycée ouvre le programme “Remote LIL” pour que les élèves du collège puissent continuer les cours de chez eux alors que l’établissement est mobilisé comme centre d’examen. L’enseignement en distanciel a également été expérimenté dans d’autres cas de figure plus exceptionnels comme des grèves de transport empêchant les élèves de se rendre jusqu’à leur établissement.
Ainsi, comme le souligne Mireille Rabaté, la raison essentielle du succès de l’école à la maison est une préparation de plusieurs années. “Ce sont des heures et des heures d’entraînement et une manière de regarder le monde. Le but est de faire face avec confiance et imagination aux défis du XXIème siècle et la crise du coronavirus en est une manifestation typique.” Le programme LIL Online est permis par des ressources importantes consacrées à la formation continue des professeurs. Ces derniers sont donc également à l’école puisqu’ils apprennent tous les jours à s’adapter à l’évolution de l’éducation.
“Toute l’école” est assurée, ajoute la proviseure du Lycée international Winston Churchill. Autrement dit, LIL Online ne consiste pas seulement à enseigner en ligne mais aussi à créer des sociabilités entre élèves et avec leurs professeurs. En effet, le problème de l’école à la maison est l’isolement des élèves. Mireille Rabaté insiste alors sur le savoir faire de son équipe pédagogique qui s’étend à la capacité de créer un sentiment d’appartenance à une communauté.
La possibilité de maintenir de la sociabilité entre tous a été confirmée pendant la période de confinement. Les différentes équipes du lycée, comme la vie scolaire ou les responsables du bien être ont su mettre en place des espaces virtuels pour que les élèves et les professeurs se “rencontrent” en dehors des heures de cours. Ainsi, ils ont pu profiter d’un espace virtuel de déjeuner pour manger ensemble et même les professeurs ont pu boire un café dans la salle des professeurs virtuelle. “Le confinement a montré que les élèves sont capables d’avoir une vie sociale malgré les barrières physiques”, assure Mireille Rabaté. L’enjeu est donc de “créer des occasions” pour qu’ils puissent former un véritable “groupe classe”.
Le programme LIL Online est officiellement lancé, même s’il n’y a pas encore de classe formée à l’heure actuelle. “Les inscriptions sont ouvertes et nous sommes prêts à démarrer à n’importe quel moment de l’année.” Le défi est alors de pouvoir former un groupe rassemblant des élèves ayant le même niveau. Ce sont des professeurs “enthousiastes”, voir “aventuriers” qui attendent, selon la proviseure, des nouveaux inscrits pour appliquer cette nouvelle façon de “faire l’école”.
Mireille Rabaté précise que l’équipe pédagogique évalue d’abord les chances de succès de l’élève qui souhaiterait s’inscrire à ce programme car c’est un dispositif qui ne peut pas correspondre à tout le monde. La responsable de l’établissement s’attend à recevoir des cas très différents. “Notre programme peut également intéresser des familles qui pensent arriver à Londres dans plusieurs mois et qui n’ont pas envie de changer leur enfant d’établissement en plein milieu de l’année scolaire”, explique-t-elle avant de conclure, “nous sommes prêts à commencer demain si nous avons quatre ou cinq élèves inscrits.”