Elle a été présélectionnée début juillet pour les IEMA Sustainability Impact Awards (dont la cérémonie se tiendra en septembre à Londres) dans la catégorie “Future Sustainability Leader 2020”. “Cela a été une très grande surprise”, s’étonne encore Amell Amatino. Certes, la Française, d’origine algérienne, avait déjà obtenu l’an dernier le prix du Best Green Business pour la localité de Bromley. Mais cette nouvelle nomination marque une reconnaissance plus individuelle pour la fondatrice de ‘MAINTENANT’, une organisation qui sensibilise le public à l’environnement via différentes actions et campagnes d’informations.
Amell Amatino le reconnaît : c’est sur le tard qu’elle s’est intéressée au développement durable. “J’ai eu un déclic après avoir travaillé plusieurs années dans le marketing. Je me suis rendue compte que cela ne me convenait plus de vendre des produits et services à des gens qui n’en avaient finalement pas besoin”, explique la Française. Pourtant, à l’époque, aux environs de 2013, elle est en plein ascension, ses campagnes de marketing sont récompensées, son travail reconnu. “Mais je voulais faire quelque chose avec plus de sens, plus de valeurs, plus de principes”.
Elle cherche alors à travailler dans un autre secteur. “Je voulais rester dans l’informatique, mais avec une touche plus verte”. Elle décroche ainsi un poste dans une société où elle s’occupe de la GED, gestion électronique des documents. “L’objectif était de mettre en place un système pour utiliser moins de papier”. Une mission qui lui plaît beaucoup et qui lui permettra de s’intéresser de plus près au développement durable. “Je me suis dit qu’il était alors temps d’employer mon expertise pour l’inscrire dans les urgences du XXIème siècle”, confie Amell Amatino.
Sans savoir exactement où cela la mènera, elle commence à “s’auto-former” en développant notamment son réseau lors d’événements networking. “Puis il y a eu cet article du Guardian, qui expliquait que le gouvernement prévoyait de supprimer les références à la durabilité et au changement climatique du programme d’études pour les moins de 14 ans”. La Française n’en revient pas et décide alors de lancer sa propre entreprise pour proposer aux écoles du contenu scientifique “factuel et dédramatisant”, précise-t-elle, afin de sensibiliser les élèves au développement durable. “Je n’avais aucune expérience, mais j’avais envie de relever ce défi”.
Amell Amatino a tout de même une belle base de compétences en matière de sciences. En effet, algérienne de naissance, mais naturalisée française depuis 1993, elle a étudié un an à Polytechnique en Algérie, avant de traverser la Méditerranée et entrer à Jussieu pour décrocher un diplôme en physique. La passion des sciences, c’est dans son ADN, puisque sa mère était biologiste et son père physicien de formation. “A l’époque, je n’avais pas vraiment d’objectif professionnel, j’aimais simplement le côté scientifique”. En revanche, pas question de finir dans un laboratoire ou de se diriger vers une carrière universitaire – “j’avais envie de travailler pour une entreprise” -, alors elle commence à s’intéresser de près à l’informatique. Elle passe ainsi un diplôme en nouvelles technologies.
En 1997, elle s’envole pour Sydney où elle travaille pour une agence web pendant trois ans. Une belle expérience qui lui aura permis de revenir à Paris avec une maîtrise de la langue anglaise. Dans la capitale française, elle décroche un poste dans une entreprise, où elle planche sur des applications mobiles. “On a ainsi développé la première plateforme mobile de commerce, une vraie innovation à l’époque”, commente Amell Amatino. Sa direction lui propose alors de rejoindre la maison-mère basée à Londres. La ville lui plaît immédiatement. “On dit que Paris est une ville culturelle, mais la capitale anglaise l’est tellement plus avec ses musées gratuits”. Surtout, elle découvre que de ce côté de la Manche le racisme est bien moins ambiant. “En France, on m’a toujours considéré comme une Arabe. Ce qui n’a jamais été le cas à Londres”.
Après des années à faire des allers-retours entre les deux pays, Amell Amatino finit par s’établir dans la capitale anglaise il y a huit ans. Après une belle carrière dans l’informatique, elle lancera donc “MAINTENANT” en septembre 2017. “Si j’ai appelé ma société ainsi, c’est parce que cela veut dire à la fois “présent” et “tenir la main”. En semant des graines de connaissances, on peut agir dès aujourd’hui et aider les gens à prendre les bonnes décisions”.
Le contenu de ses ateliers qu’elle propose aux écoles s’articule autour des sept sphères scientifiques du système Terre : la cryosphère, l’atmosphère, la biosphère, la lithosphère, la technosphère, l’hydrosphère et la magnétosphère. “Avec cette approche, je peux expliquer comment la planète fonctionne mais aussi présenter tous les métiers liés au développement durable”, confie-t-elle.
Le premier atelier a été donné à La Fontaine Academy, l’établissement où sont scolarisés ses propres enfants, durant la classe “Forest School”. “J’ai eu de très bons retours et de belles interactions avec les élèves”, se souvient Amell Amatino. Ce qui lui confirmera sa volonté de continuer sur ce chemin. Elle créera ensuite différents jeux pédagogiques mettant en lumière des personnalités connues pour leur implication dans le développement durable et imaginé des funbooks téléchargeables gratuitement. Elle a aussi même monté une collaboration avec l’AgroSup de Dijon pour une campagne sur l’alimentation.
Le manque de budget dans les écoles ne lui a cependant pas permis de développer davantage les différentes idées qu’elle avait en tête. C’est pourquoi elle a mis en place, juste avant le confinement, un système de sponsoring avec des entreprises. En proposant des ateliers pour adultes au sein des différentes sociétés, la Française invite ses dernières à financer ceux dans les écoles.
Sa récente nomination pour les IEMA Sustainability Impact Awards pourront certainement l’aider à convaincre davantage d’entreprises à collaborer avec elle. “Car il reste encore beaucoup de travail de pédagogie à faire sur le sujet du développement durable”, martèle Amell Amantino. Mais elle est convaincue que les choses commencent à bouger.