« Je voulais montrer à mes enfants qu’il faut suivre ses passions », confie Sophie Buchaillard, auteure de This Is Not Who We Are. Ce premier roman publié donne vie à un rêve de longue date, celui de devenir écrivaine. D’ailleurs, la Française de 44 ans a quitté son poste dans l’administration à l’Université de Cardiff en 2019 pour se consacrer pleinement à l’écriture.
L’égalité de genre et les questions migratoires sont deux des thèmes de prédilection de Sophie Buchaillard. C’est ce que l’on peut retrouver dans This Is Not Who We Are, paru le 13 juin dernier. Basé sur l’histoire de deux femmes française et tutsi en correspondance, il traite du génocide rwandais au travers du prisme de la fiction.
Sophie Buchaillard a toujours rêvé de devenir écrivaine. Mais après des études à Sciences Po Bordeaux, elle se dirige vers une carrière en rapport avec la politique, au Royaume-Uni. Son année Erasmus passée à l’Université de Cardiff lui a donné le goût du pays et la Française décide alors de s’y installer en 2001. Elle explique que « la vie là m’a bien plu ». Elle enchaîne ainsi plusieurs postes à l’Université de Cardiff, d’abord en tant qu’enseignante en sciences politiques puis en tant que responsable administrative. Sophie Buchaillard est, en parallèle, engagée dans de nombreuses campagnes qui militent en faveur de l’égalité de genre dans le milieu universitaire et plus généralement scolaire.
Si la Française a l’habitude d’écrire dans son cadre professionnel, ce n’est qu’en 2019 lorsqu’elle entreprend un master en Creative and Critical Writing, à l’Université de Cardiff, et qu’elle laisse véritablement libre court à sa créativité. « Le master m’a donné la confiance et le temps d’écrire » confie-t-elle. C’est d’ailleurs dans le cadre de ses études que l’idée de son roman naît, l’auteure devant réaliser un portfolio pour son évaluation finale. .
This Is Not Who We Are raconte l’histoire d’Iris et de Victoria. La première, Iris, habite à Paris, la deuxième, Victoria, a été forcée de se réfugier dans un camp suite au génocide rwandais contre les Tutsis en 1994. Les deux jeunes femmes ont 16 ans, et commencent alors une correspondance écrite. Elles perdent cependant contact après 3 mois. 30 ans plus tard, Iris a immigré au Royaume-Uni. Elle tente alors de retrouver Victoria. Le livre suit ainsi en parallèle la trajectoire des deux protagonistes.
Ce thème choisi par Sophie Buchaillard n’est pas anodin. This Is Not Who We Are est en effet inspiré de sa propre histoire. La Française correspondait dans sa jeunesse avec Victoria, originaire du Rwanda. Elle ne sait pas aujourd’hui ce qu’il est advenu de cette dernière. « J’ai essayé d’articuler ce qui a pu arriver à ma Victoria, j’avais besoin de comprendre. Ecrire ce livre permettait de répondre à cette question », raconte l’écrivaine.
Ecrire ce livre n’était pas qu’un prétexte cathartique pour Sophie Buchaillard. Si elle a construit son roman autour des problématiques du génocide rwandais, c’est avant tout dans un souci de sensibilisation. Alors qu’elle entame son master, la Française se rend compte que ses camarades, dans la vingtaine, ne connaissent peu ou pas cette partie de l’Histoire. Elle avoue avoir « été assez choquée que personne n’en ait entendu parler ». Traiter de ce sujet sous le prisme de la fiction permet alors de créer un sentiment d’attache et de « réhumaniser les personnages auprès du lecteur ».
L’auteure se sent, de même, responsable « d’expliquer aux générations suivantes ce qui s’est passé. Ne pas en parler est dangereux ». Une démarche d’autant plus d’actualité que le Royaume-Uni a signé en avril 2022 un accord avec le Rwanda pour y renvoyer les demandeurs d’asile entrés illégalement sur le territoire britannique.
La Française est déjà en train d’écrire un deuxième livre. Actuellement étudiante en doctorat, elle travaille sur l’écriture de voyage. Sophie Buchaillard souhaite réinventer ce pan de la littérature pour s’affranchir des prénotions colonisatrices, en s’inspirant notamment d’auteures du Maghreb, dont Leila Slimani, qui racontent leur expérience de voyage à travers une perspective différente. Elle planche ainsi sur un roman de voyage intergénérationnel qui « explore la relation à l’autre, à l’étranger ». L’écrivaine part là encore de son histoire personnelle, sa grand-mère étant née en Indochine, sa mère au Maroc et elle-même ayant immigré au Royaume-Uni.
L’intérêt principal de Sophie Buchaillard reste les problématiques liées au genre. Mais après deux romans liés à la migration, elle souhaite explorer d’autres univers et pouvoir décliner le sujet féminin en d’autres thèmes. L’auteure aimerait entre autres « revisiter Antigone », dont elle apprécie particulièrement la version du dramaturge Jean Anouilh.
Prix : £9.99
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