Productrice, autrice, réalisatrice et actrice. Ce sont tous les rôles que Jenna Suru a occupés pour son nouveau long-métrage L’Âge d’Or. Sa plus grosse inspiration : la ville de Londres et le cinéma à l’anglaise. Le film a été sélectionné au Massachussets Independent Film Festival, lors duquel se tiendra sa première mondiale samedi 7 septembre, en présence de la jeune réalisatrice. Le film y a reçu deux nominations : Meilleure Actrice pour Jenna Suru et Meilleur Acteur pour Sébastien Cipolla.
L’Âge d’Or, qui a d’ailleurs été présenté lors du dernier Festival de Cannes dans le cadre du marché du film à l’occasion de sa toute première projection, se déroule entre le Sud de la France et Paris, et suit le destin de deux artistes dans les années 60. Sebastian Davis, un producteur franco-américain interprété par Sébastien Cipolla, et Angèle Devaux, une actrice de théâtre française jouée par Jenna Suru elle-même, se retrouvent à Saint-Tropez, animés par leur désir de révolutionner leur époque.
Le synopsis du film et sa dimension internationale sont grandement inspirés par son propre parcours. Jenna Suru commence le théâtre à l’âge de 8 ans à Paris, et se perfectionne dans le cinéma à 17 ans à Los Angeles. C’est là qu’elle affûte son couteau suisse, puisqu’elle prend des cours de réalisation, de production et même de marketing. Elle fait ensuite ses études à l’ESCP à Londres, et décide de créer sa propre société de production, Belle Époque Films, en janvier 2015, à seulement 23 ans. “C’est l’enchaînement logique de beaucoup de travail. J’ai appris à manipuler une caméra, faire de la distribution, de la réalisation, etc. J’ai tout fait pour apprendre et développer plusieurs compétences solides dans tous ces domaines”, explique Jenna Suru.
C’est justement Londres, où elle a habité pendant 2 ans, qui l’a inspirée pour se lancer. Elle y fait ses première armes : ses deux premières co-productions sont anglaises, à l’instar de The Bigger Picture avec l’acteur britannique Robert Sheehan, connu pour ses rôles dans les séries Misfits et The Umbrella Academy. “C’est une ville très dynamique, avec beaucoup de filmmakers. J’étais tout de suite plongée dans ce microcosme innovant. C’est une étincelle qui a tout enflammé !” Aujourd’hui, la jeune femme vit entre Paris, Londres et Los Angeles, une chance pour elle, et une “énorme source d’inspiration. Je voulais que le film rende hommage à toutes ces villes qui m’ont inspirée.”
L’Âge d’Or est né de sa passion pour l’Histoire, ainsi que notre époque. “Il se passe beaucoup de choses en ce moment, avec le Brexit et les Gilets jaunes. On sent qu’il y a un mal être et qu’on est en train de vivre une transition importante. C’était également le cas à cette époque, qui était marquée par la Seconde guerre mondiale et le baby boom.” Les artistes et le cinéma participent pleinement à ces grands changements, et c’est à eux que Jenna Suru a voulu rendre hommage, car “ils ont pris de gros risques et fait des sacrifices personnels pour participer à ces changements.”
Porter toutes ces casquettes durant la création du film a été un gros challenge, en plus d’être une situation assez rare dans l’industrie, car en général, il y a plusieurs producteurs pour un projet. Mais cela lui a aussi permis de s’assurer que son message ne soit pas détourné. “C’est une histoire qui n’a jamais été racontée, sûrement pas de manière moderne, ni au cinéma ni à la télé. Ce film porte un message important et précieux.”
En plus d’avoir écrit le scénario, Jenna Suru joue le personnage féminin principal, avec qui elle a ressenti une profonde connexion. “Je respirais ce personnage, très clairement. Je voulais qu’Angèle soit une femme moderne et avant-gardiste coincée dans son époque.” Les première critiques sont très prometteuses et décrivent un film humain et sans stéréotypes, tout ce que Jenna Suru espérait. Le film a été tourné dans 35 lieux en France et aux États-Unis. La production a été marquée par l’incendie de Notre-Dame à Paris, où se déroule la toute première scène du film. “C’est terrible de se dire qu’on ne pourrait pas tourner le même aujourd’hui, mais c’est un très bel hommage.”
Le film, bien à l’image de son propre train de vie et de notre époque, l’a beaucoup touchée. “Je pense qu’on est très nombreux en ce moment à ne pas se sentir très à l’aise. Dans les années 60, c’était vraiment généralisé. En tant qu’artistes, on a la chance de pouvoir parler à un public, on a une responsabilité très importante de refléter le monde actuel, d’hier et de demain”, estime la Française.
Produire un film en Angleterre ou en France est assez différent, du fait qu’il n’y ait pas de statut d’intermittent du spectacle en Angleterre par exemple. “On a beaucoup de choses à apprendre de l’Angleterre en terme de production indépendante, qui y est particulièrement innovante et dynamique.”
Son rêve serait de travailler avec Fanny Herrero, la créatrice de la série française Dix pour cent, ainsi que le réalisateur franco-américain Damien Chazelle, connu pour le film La La Land. Réaliser et jouer en même temps lui ont beaucoup plu, elle souhaite donc poursuivre cette tendance à l’avenir, en travaillant de nouveau avec des acteurs célèbres. Pour ce qui est de ses futurs projets, elle a deux court-métrages qui sont voués à devenir des long-métrages : The Sesh, où elle a été productrice executive et directrice du casting, et Dead End, un film d’horreur comique qu’elle réalise et où elle interprète également le personnage principal.