Un an après le Brexit, et la mise en place de nouvelles règles migratoires, le Royaume-Uni ne peut constater qu’une chose : le nombre de candidats à l’immigration a baissé. Obtenir un visa de travail n’est certes pas impossible, mais les lourdeurs administratives et les frais peuvent freiner les ambitions même des plus déterminés. Sans compter qu’il faille trouver une entreprise qui soit autorisée à sponsoriser le visa, ce qui n’est pas toujours chose facile.
Alors pour aider tant les candidats à l’immigration que les entreprises n’ayant pas forcément les moyens de devenir sponsor, le gouvernement britannique va lancer dès le 30 mai prochain un nouveau visa. Baptisé High Potential Individual (HPI) visa, il est destiné aux diplômés des meilleures universités du monde qui pourront venir s’installer au Royaume-Uni sans avoir de sponsor. Pour prétendre à ce visa, il faudra que le candidat ou la candidate (âgé.e de plus de 18 ans) ait obtenu, au cours des cinq dernières années, un diplôme d’une grande école ou université (basée hors du Royaume-Uni), classée parmi les 50 meilleurs établissements sur deux des trois listes pré-sélectionnées par le Home Office. A savoir, Times Higher Education World University Rankings, Quacquarelli Symonds World University Rankings et The Academic Ranking of World Universities.
Seule une université française est donc pour le moment concerné : Paris Sciences et Lettres (PSL). “La liste va s’allonger”, assure Yusuf Coban, juriste chez Barar & Associates Ltd, cabinet londonien spécialisé dans l’immigration. Ce qui lui fait penser cela, c’est qu’“on a déjà constaté, lors de ces derniers mois, de nombreux changements de la part du Home Office”. Dernier changement en date, précise l’avocat français, le 11 avril dernier avec le Sole Representative of an Overseas Business visa. “Avant, une entreprise française, qui souhaitait par exemple ouvrir une succursale au Royaume-Uni, pouvait envoyer un cadre senior et ce, sans avoir besoin d’avoir le statut de “sponsor”. Mais ce visa n’existe plus, il a été remplacé par le ‘UK Expansion Worker visa’ qui nécessite que l’entreprise demande ce statut de sponsor (et donc payer pour cela). Elle aura ensuite la possibilité d’envoyer jusqu’à cinq employés, non plus sur une durée de 5 ans comme avant mais de deux ans”, détaille Yusuf Coban. Cette limite dans le temps a été décidé pour éviter que les employés ne demandent, au terme de leur visa, un statut de résident permanent.
Outre être issu.e d’une grande université, le candidat ou la candidate au High Potential Individual (HPI) visa devra être titulaire d’un doctorat (ce qui lui permettrait d’obtenir un visa de 5 ans), d’un bachelor ou d’une maîtrise (pour ces deux derniers cas, ils n’auraient le droit qu’à un visa de deux ans). Autre exigence, celle d’avoir réussi un test d’anglais ou être en possession d’un diplôme prouvant sa capacité à maîtriser la langue. Enfin, le candidat ou la candidate devra se rendre au Royaume-Uni avec en poche £1,270 £ disponibles en espèces. “Nous n’avons pas encore reçu tous les détails de ce nouveau visa”, confie Yusuf Coban, “mais beaucoup d’employeurs, notamment ambitionnant de recruter des Français, sont déjà très intéressés”.
Si ce visa est intéressant pour les entreprises, qui n’auront plus à le sponsoriser (et donc le payer), il l’est aussi pour les candidat.es à l’immigration, selon le juriste spécialisé dans l’immigration. “A la fin de leur visa, ils pourront le changer en un “Skilled Worker visa” s’ils parviennent à trouver un sponsor. Ils ont deux ans devant eux pour lancer leurs recherches. C’est déjà moins compliqué que de chercher un travail et une entreprise sponsor depuis la France, comme la loi britannique actuelle l’exige“, confie Yusuf Coban. Au-delà de la possibilité ou non de rester au Royaume-Uni, ils auront aussi eu l’opportunité de se forger une expérience à l’étranger.