“Je suis contente d’être arrivée en tête”, confie Charlotte Minvielle au lendemain du premier tour des législatives anticipées. La candidate écologiste, sous la bannière Nouveau Front Populaire, est en effet arrivée en très courte tête devant le candidat d’Ensemble!, Vincent Caure. Une toute petite avance qui se résume à 63 voix, soit 0,09 point de différence. Mais le score de la jeune femme progresse de 10 points par rapport à 2022. “Je remercie les électeurs et électrices qui m’ont accordé leur confiance pour ce premier tour”, lance-t-elle, avant d’expliquer que cette progression est aussi due à la forte mobilisation des militants de l’union de la gauche. “Beaucoup se sont impliqués, parfois même pour la première fois”, confie-t-elle. Une mobilisation qui pourrait trouver ses racines dans la peur de voir arriver l’extrême droite au pouvoir. 

“Chaque siège va compter”

Mais pour le second tour, Charlotte Minvielle aura besoin d’une plus grande mobilisation encore des électeurs et électrices. Certes arrivée en tête sur quasiment toutes les circonscriptions de l’ensemble de l’Europe du Nord, c’est à Londres que l’écart se creuse avec son concurrent avec un différentiel de plus de 3,500 voix. Un potentiel report de voix d’autres candidats éliminés sur sa candidature paraît plus difficile que pour Vincent Caure, qui, lui, pourrait, par exemple, profiter des 5% récoltés par le candidat Les Républicains, Balthazar Roger. Mais l’écologiste compte sur les abstentionnistes du premier tour. “Au vu de la situation nationale, du risque préoccupant que le Rassemblement national ait la majorité absolue et de la probabilité d’avoir Jordan Bardella comme Premier ministre, les électeurs et électrices savent que chaque siège va compter”, souligne-t-elle, “et le Nouveau Front Populaire est la seule force politique qui peut empêcher cela”. 

Aussi, et elle le rappellera lors de ses deux prochaines réunions publiques (l’une en présentiel à Londres mardi 2 juillet et l’autre en ligne mercredi 3 juillet, voir encadré), si elle est élue, elle jure qu’elle défendra au mieux les préoccupations des Français de la circonscription. “Dans une assemblée hostile, au-delà du fait qu’il y pourrait y avoir un doublement du nombre de députés Rassemblement national, avec un parti qui a clairement dit que les binationaux n’auront plus accès à des postes dans le secteur public comme s’ils manqueraient de loyauté à la France, il est important d’avoir des élus binationaux. C’est mon cas et celui de mon suppléant. Nous sommes au fait des réalités des Français de l’étranger pour porter leurs intérêts, leurs défis et défendre leurs droits. Ce qui n’est pas le cas du candidat “Ensemble!”, qui n’habite même pas la circonscription”. 

Pour Charlotte Minvielle, le responsable de la situation actuelle est d’ailleurs Emmanuel Macron. “Lors de son élection en 2017, il y avait huit députés RN, puis en 2022, 89, et aujourd’hui on est sur des projections entre 200 et 250. Qu’a-t-il fait pour contrer l’ascension du Rassemblement national ?”. Et à la critique de celles et ceux qui lui rappellent que son parti a fait alliance avec La France Insoumise, elle répond que si elle est élue dimanche 7 juillet, elle siègera dans le groupe écologiste dont elle est issue, tout en se disant “fière de porter le rassemblement de la gauche, qui a réussi, en un temps record de quatre jours et avec tous les chefs de partis, à se mettre d’accord sur un programme”.

“Rien n’est joué”

De son côté, Vincent Caure, s’il se dit “heureux d’être arrivé au second tour” et se félicite de “la belle progression” de voix – “10,000 de plus qu’en 2022” -, il sait que “rien n’est joué”. Mais l’espoir est bien là pour le candidat d’”Ensemble!” puisque, rappelle-t-il, seulement 63 voix le séparent de Charlotte Minvielle. Pour faire gagner, il compte “faire campagne au maximum”. Il sera à Londres et au Royaume-Uni “une bonne partie de la semaine”, et aimerait, selon ses dires, “effectuer au moins un déplacement” hors Grande-Bretagne. Il serait très intéressé à se rendre en Irlande, après être allé rencontrer les Français d’Oslo avant le premier tour. 

Il sait que sur le reste de la circonscription, hors Londres, il arrive loin derrière la candidate écologiste. “C’est peu ou prou ce qui c’était déjà passé en 2017 et 2022”, souligne Vincent Caure. Mais le message qu’il aimerait faire passer auprès des électeurs et électrices, dit-il, est que “voter Verts dans leur pays d’adoption n’est pas la même chose que voter Verts en France”. A cause, dit-il, des différences significatives, comme sur les sujets de “prises de positions sur le mix énergétique ou des alliances politiques”. Il estime que, face à une majorité Rassemblement national, “on n’offre pas comme premier parti d’opposition le Nouveau Front Populaire”. “Je souhaite plutôt un rassemblement plus large, plus centriste avec une vision pro-européenne, social-libérale et une écologie pragmatique, loin des partis qui veulent soit ériger des frontières soit qui ont une politique ambigüe sur l’impôt universel”. 

Parler lui aussi aux abstentionnistes pour les mobiliser pour le second tour ou échanger avec “l’ensemble des candidats de l’arc républicain” pour soutenir sa candidature et ainsi “créer un rassemblement qui se veut le plus large possible” feront partie du programme de sa campagne de l’entre deux tours. Et en réponse à sa concurrente sur le fait qu’il n’habite pas le territoire et qu’il n’y a pas vécu, sa réponse est simple. “On ne naît pas Français de l’étranger, on le devient. Et j’ai cette envie de représenter avec fierté les Français de la circonscription”. Son avantage, ajoute-t-il, est son expérience au sein des instances politiques parisiennes. L’ancien conseiller d’Emmanuel Macron et du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dit très bien connaître l’Assemblée nationale, son fonctionnement et serait donc le plus à même de pouvoir défendre les intérêts des Français de l’étranger.