Une récompense aux Great Taste Awards, un bar éphémère à Paris, rien n’arrête Dalla Niakhaté et ses thés haute couture. Cela fait un an que cette jeune Parisienne de 23 ans a fondé sa propre marque, Thés Lac Rose, à Londres. Ses produits seront d’ailleurs en vente tous les dimanches à partir du 29 septembre au Old Truman Brewery à Shoreditch.
Après 4 ans d’études à l’Essec, bachelor de “business administration” en poche, elle est venue s’installer dans la capitale anglaise il y a deux ans et demi, après être tombée amoureuse de la ville lors d’un échange universitaire. Issue d’une famille sénégalaise, Dalla Niakhaté cultive sa passion pour le thé depuis toute petite. “Dans la culture sénégalaise, c’est très courant d’utiliser des infusions comme remèdes, comme quand on a mal à la tête, à la gorge ou encore au ventre”, explique-t-elle. Elle aimait aussi organiser des ‘afternoon tea’ – “sans savoir ce que c’était à l’époque !”, se souvient-elle – quand elle rentrait de l’école.
C’est donc en juin 2018 que Dalla Niakhaté, forte de sa formation en école de commerce, décide de monter sa propre entreprise, elle qui en a toujours rêvé. L’idée de combiner sa passion pour le thé et son ambition professionnelle a été du coup évidente. Un an après, elle est toujours seule à la tête de Thés Lac Rose. Elle jongle entre son emploi à plein temps et sa marque, à laquelle elle consacre toutes ses soirées et ses week-ends. La Franco-sénégalaise a dû apprendre tout gérer par elle-même. “Ça comprend le site internet, les campagnes de mailing, créer les mélanges de thés et les expédier, communiquer, etc. Ça vous apprend vraiment à développer des capacités dont vous ne soupçonniez pas l’existence ! Surtout parce que si vous ne le faites pas, personne ne le fera pour vous.”
Selon la jeune femme, “les plus grandes difficultés résident simplement dans la tête.” Se lancer dans le pays du thé n’est pas une mince affaire, et ses proches ont aussi exprimé leur inquiétude, mais elle relativise. “Je me suis dit : ‘si je ne me lance pas, je ne le ferai jamais’.” Sauter le pas n’a effectivement pas été simple pour celle qui se décrit toujours comme étant “une simple amatrice et une grande passionnée de thés”. Dalla Niakhaté assiste régulièrement à des cours de mixologie et à des séminaires en ligne, et prévoit même un voyage en Chine pour en apprendre plus sur le sujet et les nouveautés de l’industrie du thé. “Toute la lumière est mise sur le café ou le vin en général, alors qu’il y a énormément de choses à apprendre sur cette boisson, comme les différents terroirs, selon si une feuille pousse dans l’Himalaya, sur tel ou tel terrain, à telle ou telle saison, etc.”
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Justement, tous ses thés viennent de plantations de Chine et d’Inde, toutes certifiées du label Ethical Tea Partnership, qui garantit non seulement des bonnes conditions de travail, mais aussi le respect des normes de qualité et d’hygiène. Pour ce qui est de l’emballage et du mélange, c’est Dalla Niakhaté elle-même qui le fait. C’est aussi elle qui sélectionne avec soin les différents ingrédients au gré de ses expériences de vie mais aussi des saisons, ce qui leur vaut d’ailleurs le surnom de “thés haute couture”. Un parallèle avec la mode qu’elle revendique. “À chaque fois qu’il y a une collection, avant même de penser aux thés, j’essaye de penser à l’histoire que je veux raconter à travers eux et comment la transmettre, la traduire avec goût.” Pour sa dernière collection en date (elle en sort une tous les 3 à 4 mois et chacune nécessite deux mois de travail), l’entrepreneure s’est inspirée de Paris, sa ville natale, et a donné des noms français aux trois thés.
La culture sénégalaise est également très présente dans la marque. Il y a tout d’abord le nom, qui vient du Lac Rose, haut lieu touristique au Sénégal. Sa collection Paris-London-Dakar, qu’elle a lancée récemment, est justement un hommage au pays de ses origines et plus généralement à l’Afrique, puisqu’elle est faite à base de rooibos, une plante très utilisée dans les infusions sur le continent.
Dernièrement, Dalla Niakhaté était à Paris samedi 31 août, où elle a installé un “tea bar” éphémère dans le quartier de Montmartre. En plus de pouvoir acheter ses thés, les visiteurs venus en nombre ont aussi pu déguster des “cockteals”, jolie combinaison linguistique entre “cocktail” et “tea” dont la jeune femme de 23 ans est très fière. Elle compte d’ailleurs bien répéter l’expérience et a prévu deux nouvelles dates, avec une ouverture sur trois jours au lieu d’un seul.
Londres n’est pas en reste puisque les Thés Lac Rose seront également vendus tous les dimanches à la Old Truman Brewery à Shoreditch à partir du 29 septembre. C’est Dalla Niakhaté elle-même, armée de son “Great Taste Award” lui donnant ainsi plus de crédibilité, qui a approché les propriétaires de la brasserie de l’est londonien. “Je vis dans le quartier, j’ai pensé que c’était un lieu ou l’on pourrait avoir une très bonne audience. Les gens y sont assez curieux de goûter des nouvelles saveurs.”
Pour ce qui est de l’avenir de Thés Lac Rose outre-Manche, la Française préfère privilégier les marchés locaux, qu’elle peut gérer seule, “parce qu’organiser des événements comme celui de Paris, c’est beaucoup de travail, ne serait-ce que la logistique. Créer un bar, c’est un travail monstre ! En France, j’ai ma famille et beaucoup d’amis donc je peux leur demander de l’aide, mais ici c’est plus compliqué.”
Son rêve le plus fou serait de pouvoir se consacrer à sa marque à plein temps et ouvrir une boutique ou un tea bar. “Il y a encore du chemin à faire, mais j’y travaille en organisant ce genre d’événements pour voir si les gens sont réceptifs.” Dalla Niakhaté se donne un an à un an et demi pour réussir. En attendant, les curieux et amateurs de thé peuvent déjà commander ses créations en ligne ou aller les acheter directement à Shoreditch !