Les deux amies étaient à la croisée des chemins quand germe l’idée d’un projet commun. Après une quinzaine d’années dans le domaine de la communication puis le lancement d’une petite entreprise de produits ludoéducatifs, Marie-Pierre Taisne Bouché s’est longtemps investie dans l’association des parents d’élèves du CFBL, à son arrivée à Londres. Un bilan de compétences plus tard, elle cherche à mettre en œuvre ce qu’elle aime faire : « s’adresser aux enfants, la transmission, l’apprentissage ».
Pour Florence Darquier, c’est le Covid et une succession de déménagement qui font office de wake-up call, après une carrière chez l’Oréal en marketing puis dans l’évènementiel. Pour celle qui a « toujours adoré la pâtisserie », ce sera une inscription aux cours du Cordon Bleu à Londres. Une année « intense, en uniforme, six heures debout dans la cuisine », qu’elle termine coiffée du diplôme de pastry chef. Ouvrir une pâtisserie, donner des cours ? Elle aussi se questionne.
« Nous étions toutes les deux à une étape de vie, se souvient-elle. Nous avions eu une vie corporate, nous avions élevé nos enfants tout en travaillant et maintenant qu’ils avaient grandi, nous nous posions la question du ‘et après ?’. Nous avions encore beaucoup d’énergie, des compétences et l’envie de travailler nos neurones ».
C’est au cours d’un déjeuner (quoi de plus approprié quand on connait la suite ?) que mature le projet Let’s Cook French. L’idée viendra de l’expérience de leurs filles respectives, inscrites au programme du Duke of Edinburgh Award (DofE), qui incite les jeunes à s’investir dans divers projets dont l’apprentissage d’une nouvelle compétence. « Ce qui nous importait à toutes les deux, c’était la transmission du savoir. Alors pourquoi ne pas transmettre la cuisine française à des débutants, jeunes ou adultes. Une cuisine familiale, facile à faire, accessible financièrement, avec des ustensiles courants ».
En septembre 2024, au bout d’un an de travail, de recettes testées et retestées, filmées et cataloguées, d’adaptation aux mœurs locales (hello moule à tarte rectangulaire) ou à un public constitué en partie de mineurs (bye bye déglaçage au vin blanc), de création du site web et de son back office (« à cœur vaillant rien d’impossible », dira Marie-Pierre Bouché), Let’s Cook French est lancé. Des œufs mimosa au poulet basquaise en passant par les macarons de Nancy, le site Let’s Cook French déroule « les grands classiques de la cuisine française ».
Les cours sont d’une part destinés aux jeunes inscrits au DofE, et d’autre part à tout Mr ou Mme « Smith, qui a envie de faire savoir une bonne ratatouille », s’amuse Florence Darquier. Chacune de ces deux cibles peut ensuite choisir entre 5 modules comptant chacun 12 recettes. Les ingrédients et le matériel sont soigneusement détaillés, chaque recette est minutieusement décortiquée étape par étape, pour mettre en confiance les plus néophytes. « Nous expliquons aussi l’origine de chacune des recettes, par exemple le pain bagnat qui était le sandwich des ouvriers, détaille Marie-Pierre Bouché. La cuisine française est un vrai patrimoine ! ».
Et la recette continue de s’écrire, puisque les deux amies prévoient d’ajouter un module avancé, des recettes intégrant de l’alcool pour les adultes ou encore un module spécial étudiant quittant la maison.