L’annonce du retour de la quarantaine a pris de court beaucoup de touristes britanniques, qui se sont précipités pour revenir avant la date limite du 15 août. Mais les Français de Grande-Bretagne n’ont pas été épargnés et ont vu leurs plans estivaux chamboulés.
Alexandra Chaudemanche est de ceux-là: elle, travaille dans un établissement scolaire à Londres et se devait d’être présente pour la rentrée, début septembre. Initialement prévu au 22 août, son départ a donc dû être avancé au 19 août. Ce qui permet à la jeune femme d’effectuer ses quatorze jours de quarantaine sur le sol britannique et de pouvoir en sortir pour la rentrée scolaire. “J’avais vraiment envie de profiter jusqu’au bout de mes proches, soupire-t-elle. Certains repas familiaux et sorties entre amis ont dû être annulés… J’espère pouvoir revenir en France aux vacances de la Toussaint, en espérant, là encore, qu’il n’y ait pas de quarantaine !”
Pour Stéphanie Bishop, les choses ont été encore plus frustrantes. La Française, qui vit à Manchester et est maman de deux enfants, n’a même pas pu se rendre en France voir sa famille. “Ma mère, qui se trouve dans le nord de la France, s’occupe généralement des enfants les étés, explique-t-elle. Mon époux les y a amenés, fin juillet et est retourné les chercher, en catastrophe, le 8 août, alors que l’on commençait à craindre une possible quarantaine entre la France et le Royaume-Uni. Ce qui est ennuyeux c’est que c’est moi qui aurait dû aller en France récupérer les enfants le 18 août. Ce qui m’aurait aussi permis d’aller voir notamment ma grand-mère que je ne vois que deux fois par an… Mais je n’aurais en fait pas pu m’y rendre car j’ai besoin d’être présente ici pour mon travail (Stéphanie Bishop est directrice d’une structure, la Grenouille Bleue, spécialisée dans l’apprentissage du français auprès de jeunes enfants), je ne pouvais pas me permettre d’avoir deux semaines de ‘congés’, de quarantaine.”
De son côté, Benjamin (*), qui habite Birmingham, a dû se résoudre à passer ses vacances loin de sa compagne britannique. “Nous avions prévu, avec mon amie, de nous rendre en France une semaine à partir du 22 août. Mais, avec le retour de la quarantaine, c’est compliqué. Particulièrement pour ma compagne qui n’aurait pas pu se permettre de ‘s’isoler’ pendant deux semaines à son retour à cause de son travail.” D’un autre côté, Benjamin avait aussi des impératifs en France… Les deux jeunes gens se sont donc retrouvés contraints de passer leurs vacances séparément. “Elle au Royaume-Uni avec sa famille et moi, en France, confiné avec des amis.” Ce qui n’était bien sûr pas prévu au programme. “Et nous devions aussi repartir une nouvelle semaine en septembre or ce sera, là aussi, impossible”, soupire Benjamin.
Pour Quentin Marais, Français résidant à Londres, c’est le retour définitif de sa compagne – Française aussi et également à Londres – dans l’Hexagone qui se retrouve quelque peu perturbé. “Après une mutation professionnelle, ma copine rentre travailler à Paris le 1er septembre”, raconte-t-il. Actuellement en vacances en France, le couple prévoyait de revenir une semaine en Grande-Bretagne pour régler les derniers détails du déménagement (récupérer des affaires, faire un pot de départ) mais la quarantaine rend la chose délicate. “Confinés, nous n’aurions rien pu faire pendant notre semaine sur place.” La mesure oblige aussi le couple à revoir son organisation, notamment la relation à distance – et les allers-retours entre Londres et Paris qui vont avec – qui avait été envisagée pendant quelques temps. Sans trop de dommages, toutefois. “Pour l’heure, je peux rester en France, mon employeur à Londres autorisant encore le télétravail”, indique Quentin.
Etudiante en master, Eléonore Blondey a elle été particulièrement mise dans l’embarras. Revenue en France notamment pour terminer tranquillement son mémoire chez ses parents, la jeune fille a été surprise par l’annonce de la quarantaine et, ne pouvant avancer sa date de retour en Angleterre pour rentrer avant le 15 août – “c’est très compliqué de s’organiser en ayant une annonce le jeudi 13, explique-t-elle, venant de Toulouse, il aurait fallu que je prenne un train jusqu’à Paris le vendredi pour avoir un avion le soir mais les prix étaient particulièrement chers” – elle a dû se plier aux règles de la quarantaine à son retour à Londres. Ce qui a malheureusement entraîné la perte de ses jobs en tant que “nanny” qu’elle avait prévus pour la fin de l’été. “J’ai notamment perdu une famille qui a préféré trouver quelqu’un d’autre plutôt que d’attendre quinze jours.”