Margaux Cras attendait ce moment depuis des mois, comme tous ses collègues coiffeurs à Londres. Son salon, lancé en novembre 2017 et situé à Finsbury Park, a pu rouvrir ses portes depuis samedi 4 juillet. Mais c’est aussi la date à laquelle elle a également ouvert son nouvel espace coiffure, cette fois-ci du côté de Kentish Town. Un projet qu’elle avait en tête depuis un an et que, malgré le confinement, elle a pu mettre en place en quelques mois grâce, dit-elle, au soutien de son équipe.
“La négociation du bail du local, qui devait accueillir le deuxième salon, avait commencé en octobre 2019 et s’est finalisé le 5 mars dernier”, raconte la coiffeuse, “on aurait pu se rétracter car on voyait ce qu’il se passait déjà en France, mais on avait vraiment eu un coup de cœur pour le quartier et le lieu qu’on avait trouvé”. Avec son partenaire à la ville comme dans les affaires, Vincent Doucet, ils ont donc décidé de poursuivre leur projet mais sans lancer les travaux immédiatement, non seulement parce que le gouvernement britannique a annoncé rapidement le confinement, mais aussi pour protéger leurs employés. “On a préféré garder l’argent pour avoir de la trésorerie d’avance et ainsi payer l’équipe”, avance Margaux Cras.
L’annonce de la mise en place du chômage partiel et d’aides financières de l’Etat ont cependant rapidement changé la donne. “On a alors pu lancer les travaux mais avec un rythme aménagé, avec la présence seulement de deux ouvriers en même temps pour respecter les mesures d’hygiène”, détaille la Française. Pas simple non plus quand les fournisseurs sont à l’arrêt, comme l’usine italienne auprès de laquelle ils avaient commandé le carrelage du futur salon. “On a enchaîné les délais de livraisons, mais avec Vincent, il était clair que nous ne voulions pas changer nos directives en allant acheter sur Amazon”. Car pour le couple, Margaux sont plus que des simples salons de coiffure, ce sont tout un concept sur lequel ils sont intransigeants de perfection.
Il y a un an quand Margaux Cras et Vincent Doucet ont décidé d’ouvrir ce second salon, ils ont souhaité retravailler l’identité de la marque, qui deviendra simplement Margaux. “On a aussi fait des recherches, car on ne voulait pas faire un simple copier-coller du premier salon”, justifie la jeune femme. Ils ont donc analysé les retours des clients, mais aussi demandé l’avis de leurs employés. “Ils sont tout autant importants que nous dans cette aventure, et sans eux ce second salon aurait ouvert bien plus tard”. Ensemble, ils ont choisi le nouveau design intérieur, dessiné les meubles, choisi les rideaux…
“Après des longues heures de discussion, on a décidé de peindre le nouveau salon en bordeaux, et non en vert comme celui de Finsbury Park, pour donner une atmosphère chaude, familiale, qui correspond bien au quartier de Kentish Town”. Cette différence entre les deux lieux, Margaux Cras y tient, car elle insiste sur le fait qu’elle ne souhaite pas faire de ses salons – un troisième serait déjà en réflexion – une chaîne. “Chaque lieu devra avoir sa propre identité bien qu’ils partageront un socle commun de valeurs fortes, comme l’importance du service clients et l’utilisation de produits naturels”.
Pour la réouverture de son premier salon, et pour l’ouverture du second, Margaux Cras et ses coiffeurs ont tout prévu. “On a divisé l’équipe en deux, en attendant de recruter plus tard du personnel. Chaque employé portera un masque, on a changé la disposition des meubles pour permettre une séparation entre les stations de coiffure, on utilisera un stérilisateur entre chaque client pour désinfecter les chaises, on proposera des gobelets jetables recyclables pour les boissons, des housses de séparation protégeront les vestes des clients”. Ces derniers devront quant à eux porter un masque, et ne pourront pas venir accompagnés, sauf pour les parents si leur enfant se fait coiffer également. Pour gérer le flux, Margaux Cras a mis en place une liste de réservation avant la réouverture. Côté prix, la patronne est claire : aucune hausse n’est envisagée. “Il n’y aucune raison de répercuter la situation actuelle sur les clients, ce qui se passe n’est en aucun cas de leur responsabilité”, souligne la Française.
Si pour l’heure, les deux salons affichent complets pour juillet, la Française espère que la suite sera tout aussi prometteuse. “On espère que les choses reviendront à la normale, même si notre objectif pour 2020 est d’enregistrer une année sans perte, malgré les quatre mois de confinement”. Un troisième salon pourrait alors voir le jour l’an prochain. “La chance sera qu’on aura déjà réalisé tout le travail de rebranding, donc les choses iront plus vite”, se réjouit Margaux Cras.