Béatrice et Arnaud de Montille sont à la tête d’une entreprise couronnée de succès. Il aura suffi que Kate Middleton, Duchesse de Cambridge, porte l’un de leur collier gravé au nom de son fils, George, pour que leur société de ventes de bijoux personnalisés sur internet, Merci Maman, prenne une nouvelle dimension : celle de l’international. Après l’Europe, le couple, installé depuis près de 15 ans, rêve un jour d’Amérique.
Tout a commencé en 2007 à Londres quand Béatrice de Montille, enceinte de son deuxième enfant, souhaitait avoir plus de temps à consacrer à sa famille. “Elle a alors demandé à son entreprise un quatre-cinquième, mais cela lui a été refusé”, explique son mari Arnaud de Montille. Elle décide de démissionner et de se lancer dans l’entrepreneuriat. “Cela faisait longtemps qu’elle voulait monter quelque chose, mais elle ne savait pas dans quoi”, continue son époux. L’idée lui vient quand elle demande à une boutique lyonnaise de lui envoyer par la poste une chaise gravée au nom de sa fille. “Mais la personne du magasin lui a répondu “non”. C’est de là qu’a germé l’idée de faire un site de commerce en ligne de cadeaux personnalisés depuis Londres, où nous étions installés”.
Le nom Merci Maman est arrivé naturellement. “J’ai pensé à “merci” pour le côté cadeaux et ma femme à “maman” car les mères de famille étaient dès le départ notre cible”, avance Arnaud de Montille. Au départ, il était question de broderie et de bijoux personnalisés, tels que des colliers ou des bracelets. “A l’époque, c’était précurseur d’aller sur le web. Béatrice faisait beaucoup de salons, de marchés de Noël ou encore de ventes privées pour faire connaître la marque”. Petit à petit, l’entreprise prend un peu plus d’ampleur. Mais le vrai catalyseur intervient sept ans après sa création.
En 2014, Kate Middleton porte un collier Merci Maman et tout change. “Sa sœur Pippa était cliente chez nous, elle avait entendu parler de nous par une de ses amies. A l’occasion de la naissance de George, nous lui avons donc offert un collier – appelé depuis le “collier Kate” -, en lui demandant de la remettre à soeur”, raconte l’ancien banquier de la City, “nous n’avons jamais eu de nouvelles ensuite, jusqu’au jour nous avons vu une photo de la Duchesse portant notre cadeau”. Ce simple geste transforme la future Reine d’Angleterre en ambassadrice de la marque et offre ainsi à Merci Maman une portée mondiale “impressionnante”.
Le couple de Français profite alors de ce coup de projecteur pour développer davantage leur marque. Car ils savent que l’effet n’est pas éternel. “Ce n’est pas parce que Kate Middleton porte un collier de votre collection que tout est gagné, il faut continuer à travailler, à vous faire connaître davantage”, tempère Arnaud de Montille.
Pour cela, les équipes travaillent d’arrache-pied. Nouvelles collections ou matières, nouveaux designs… “On table sur 60 innovations par an. Mais avant tout, on se concentre sur le service clients. Répondre aux coups de téléphone, aux emails, sur les réseaux sociaux, c’est essentiel. Nous sommes une entreprise qui vend des “produits émotionnels”, comme un collier où l’on grave le prénom de son enfant, un message d’amour, les coordonnés GPS du lieu d’une demande en mariage… Ce sont des choses qui ont un sens pour nos clients, donc nous nous devons d’être impeccables sur le service, et cela inclut une livraison rapide ou encore un bel emballage”.
Cette philosophie a convaincu d’autres célébrités, comme la maman de Kate Middleton, Zara Phillips, la fille de la princesse Anne, Carla Bruni-Sarkozy ou encore l’ex Miss France, Elodie Gossuin. “Certaines achètent directement sur notre site et on découvre qu’elles sont clientes via les réseaux sociaux, sinon on envoie des cadeaux personnalisés à d’autres, qui correspondent à l’image de notre marque”, confie Arnaud de Montille. Autrement dit ? “A des mamans”.
L’effet Kate Middleton a donc permis à Merci Maman de passer un palier. De six employés en 2007, ils sont passés à 12, six mois après la photo de la Duchesse de Cambridge et à 35 aujourd’hui. “Nous recrutons actuellement huit personnes de plus”. L’entreprise a également eu un autre coup de projecteur “royal”. En juillet 2017, Béatrice et Arnaud de Montille ont reçu des mains de la Reine Elisabeth II le “Queen’s Award for Enterprise in the International Trade category”. “Nous postulions à différentes récompenses pour étendre la réputation de notre marque. Nous avions gagné celle de la chambre de commerce franco-britannique, avant de découvrir ce “Queen Award”, nous avions donc décidé de participer”, raconte Arnaud de Montille.
Le couple a bien fait puisqu’il a non seulement gagné mais a aussi été invités à Buckingham Palace pour la remise de ce prix le 11 juillet 2017. “Nous avons même pu lui parler. On nous a convoqué dans une salle, puis elle est arrivée avec son mari et deux de ses enfants. La rencontre a duré plus de cinq minutes et elle nous a posé des questions”. Un moment gravé dans la mémoire de Béatrice et Arnaud de Montille.
Onze ans après la création de Merci Maman, et si le coeur de l’entreprise reste à Londres, l’entreprise s’est beaucoup développée. Après Paris en 2016 et Berlin en 2018, les créateurs s’intéressent maintenant aux marchés espagnol et italien. “On a lancé le site dans les deux langues et si tout se passe bien d’ici les trois ans, on ouvrira un bureau à Madrid et Milan”. Le couple a d’autres rêves, comme celui de traverser l’Atlantique. “Les Etats-Unis nous intéressent aussi beaucoup. Nous avons beaucoup de clients américains, grâce à la portée de la famille royale britannique. Mais c’est loin et c’est plus compliqué à mettre en place. On se concentre pour le moment sur l’Europe et on verra ensuite”.