Catherine Mathieu, économiste à l’Observatoire français des conjonctures européennes (OFCE), fait le point sur les relations commerciales entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, un an après la signature de l’accord de commerce et de coopération.
Contrôles renforcés aux frontières et frictions estivales
Avec pour toile de fond la pandémie de Covid-19, la baisse de 9,7 % du produit intérieur brut en 2020 ainsi que le ralentissement des échanges commerciaux laissaient présager une année difficile pour le Royaume-Uni. Après un choc ponctuel observé au premier trimestre de 2021, l’économie britannique a toutefois maintenu le cap.
Catherine Mathieu, économiste spécialiste du Brexit à l’OFCE souligne que le soutien du gouvernement britannique aux entreprises et aux ménages au plus fort de la crise sanitaire, puis la levée des contraintes sanitaires ont facilité « un retour des échanges commerciaux avec les partenaires de l’Union européenne au niveau moyen des cinq années précédentes ».
Dans un contexte d’incertitude générale qui règne depuis maintenant près de six ans, le Royaume-Uni avance à pas prudents. Pour limiter les changements consécutifs, Westminster a repoussé le contrôle complet des marchandises en provenance de l’Union européenne au mois de juillet 2022. « Cet été, le renforcement des contrôles aux frontières pourrait conduire à des frictions pour les importations de marchandises en provenance de l’Union européenne au Royaume-Uni, comme nous avons pu l’observer pour les exportations britanniques vers l’Union européenne il y a un an », annonce Catherine Mathieu.
Le temps des conclusions macro-économiques n’est pas encore venu
Si les études des avantages relatifs à l’entrée dans le marché unique abondent, les chercheurs ont fait l’économie d’un tel enthousiasme au sujet d’un possible départ. Annoncé par le traité de Rome en 1957, le marché unique européen est une spécificité historique et géographique en matière de libre échange. Cette singularité économique, alliée au caractère inédit du Brexit a semé la confusion pour bon nombre d’analystes en 2016.
Pour Catherine Mathieu, il est encore trop tôt pour observer un impact macro-économique sensible du divorce politique. Dans son article Brexit : Année 1, quel bilan ?, elle envisage les contours d’une éventuelle transformation: « Sur la durée, une baisse du taux de croissance et de la productivité du Royaume-Uni est envisageable, au même titre que le scénario d’une libéralisation plus avancée, accompagnée d’un “choc de déréglementation” en l’absence de contraintes européennes. »
Pour en savoir plus, retrouvez l’article “Brexit : Année 1, quel bilan ?” de Catherine Mathieu paru en mars dans l’Economie européenne 2022/OFCE, Repères La Découverte.