Il n’est pas étonnant que Wimbledon, le plus ancien tournoi de tennis du monde, ait son lot de traditions et spécificités qu’il faut absolument respecter, comme le gazon, les fraises à la crème ou encore le box royal. La plus connue reste cependant celle du code vestimentaire très strict, puisque les joueurs et les joueuses doivent exclusivement porter des tenues blanches. D’où vient donc cette règle ?
Le blanc était autrefois la couleur des sports d’été de la bourgeoisie anglaise dont faisait partie le tennis à la fin du XIXème siècle. Les vêtements blancs évitant l’apparition de taches de transpiration, ils permettaient donc de rester élégant en toutes circonstances. Cette tradition visait tout particulièrement les femmes, pour qui il était soi-disant inacceptable qu’elles puissent transpirer. Il était donc coutume de porter du blanc lors des tournois de tennis, y compris lors de la création du Wimbledon en 1877.
En 1949, l’Américaine Gussie Moran avait fait l’objet d’une énorme controverse. Cette année-là, sa robe avait été créée par l’ex-joueur de tennis britannique devenu styliste Ted Tinling. Cette fameuse robe était légèrement plus courte que d’habitude, rendant ainsi visible la culotte en dentelle de Gussie Moran lorsqu’elle jouait. Les photographes se sont précipités pour prendre une photo de la joueuse en contre-plongée pour espérer avoir une photo de ses sous-vêtements. Les organisateurs accusèrent l’Américaine d’avoir apporté “vulgarité et pêché” au tennis, et bannirent le styliste Ted Tinling de la compétition pendant 33 ans.
C’est en partie à cause de ce scandale qu’un code vestimentaire a été formellement imposé en 1963 avec la désormais célèbre règle numéro 9, intitulée “Predominantly in white”, qui n’a cessé de se durcir au fil des décénnies. Désormais, il ne s’agit plus seulement de porter n’importe quelle nuance de blanc, ni des petites touches de couleur, ni n’importe quels sous-vêtements. Les organisateurs ont alors mis à jour leurs règles en 2014 et ainsi proscrit le blanc cassé et le blanc crème. Les joueurs et les joueuses ont cependant droit à une bande de couleur de moins d’1 centimètre d’épaisseur sur l’encolure et le revers des manches. Les sous-vêtements visibles doivent également être blancs, tout comme les bandeaux, les bracelets et même les semelles de chaussures.
Cette tradition est loin de faire l’unanimité chez les joueurs et joueuses de tennis, puisque certains ont tenté plusieurs fois de la contourner. En 2017, Venus Williams a été contrainte de changer de soutien-gorge, car le sien était rose et les bretelles étaient apparentes. En 2014, l’Australien Pat Cash s’est fait réprimandé pour ses chaussures, qui n’étaient pas totalement blanches. Il a déclaré que cette tradition était “archaïque” et “ridicule”, dénonçant également le fait que certaines joueuses avaient dû jouer sans soutien-gorge.
Même les champions n’y échappent pas, puisqu’en 2013, les chaussures de Roger Federer avaient fait scandale, puisqu’elles étaient blanches avec une semelle orange. Il a également été obligé d’en changer. En 2009, il avait tenté une petite entorse au règlement lors du match de finale face à Andy Roddick, en arborant une tenue avec des coutures et détails dorés, ainsi qu’une veste avec le nombre “15” — alors qu’il n’avait pas encore gagné son 15ème trophée de Grand Chelem…