La campagne contre la Covid a beau être bien avancée au Royaume-Uni, ces résidents français réfléchissent à se faire vacciner dans l’Hexagone (quand certains ne l’ont pas déjà fait). La chose est techniquement possible mais Paris encourage tout de même les expatriés à recevoir les injections dans leur pays de résidence.
Vivant au Royaume-Uni, mais se rendant aussi régulièrement en France (sa mère se trouve en Grande-Bretagne, la famille de son père en France), Nadia (*), 23 ans, devrait commencer des études en Espagne à la rentrée prochaine. Prévoyant de passer ses vacances d’été dans l’Hexagone et aussi d’y organiser son déménagement (ce n’est pas un départ définitif mais elle ne devrait pas revenir tout de suite au Royaume-Uni), elle juge plus aisé de recevoir ses deux injections outre-Manche.
Etudiante également, Inès, âgée de 21 ans, n’est pas sûre d’avoir sa première dose en Angleterre avant la fin de son bail, au début de l’été. Prévoyant, elle aussi, de passer ses vacances en France (elle revient à la rentrée), elle pense qu’il pourrait être plus simple de rentrer se faire vacciner. De son côté, Juliette, la trentaine, craint de nouvelles restrictions de voyage liées à la poussée du variant indien en Angleterre. Ayant prévu de voyager en France cet été, elle hésite un peu à avancer son séjour et à recevoir ses injections là-bas.
L’inquiétude vis-à-vis du vaccin AstraZeneca, associé à de très rares cas de thrombose (des alternatives sont proposées, si possible, aux moins de 40 ans au Royaume-Uni depuis le 7 mai) est aussi évoquée. Camélia, 40 ans, n’est pas concernée par cette proposition d’alternatives. “Quelque part, c’est un peu du caprice, par rapport à la campagne de vaccination que nous avons ici, de vouloir se vacciner en France.” Mais elle ne comprend pas les divergences entre pays. “En France, l’AstraZeneca n’est plus recommandé pour les moins de 55 ans, alors qu’au Royaume-Uni, il est administré pour ma tranche d’âge.”
Une inquiétude partagée par Guillaume. “Ma conjointe a déjà été victime d’une thrombose liée à la prise d’un contraceptif féminin. Si le choix nous était donné, elle préférait éviter AstraZeneca.” Venu en France pour aider un proche dépendant, le couple a eu la possibilité de recevoir des doses d’un autre vaccin “qui ne trouvaient pas preneur et risquaient d’être jetées.” Camélia, elle, envisage de rentrer en France à la mi-juin pour éventuellement s’y faire vacciner. En télétravail, elle pourrait peut-être rester le temps de ses deux injections.
Ce qui serait donc possible. Même si Paris recommande aux Français de l’étranger de se faire vacciner dans leur pays de résidence, “d’autant plus s’ils sont affiliés sur place”. La Direction générale de la santé (DGS) indique toutefois qu’“en cas de nécessité”, les expatriés peuvent se faire vacciner dans l’Hexagone, “selon les mêmes conditions et les mêmes procédés que les résidents nationaux (**).” Ceux-ci peuvent se rapprocher d’un “effecteur de ville” ou “prendre rendez-vous en centre de vaccination via sante.fr ou les plateformes de prise de rendez-vous en ligne”. Concernant l’affiliation à la sécurité sociale française, la DGS précise qu’“il n’est pas nécessaire de disposer d’une carte vitale puisque le système d’information Vaccin Covid est à même d’assurer la traçabilité de la vaccination.” Une vaccination entièrement gratuite et sous réserve de présenter une pièce d’identité.
Reste à voir comment l’information va circuler au niveau des centres de vaccination dans l’Hexagone. Pour Carole Rogers, présidente de l’UFE (Union des Français de l’Etranger) de Grande-Bretagne, le fait de ne pas avoir de droits ouverts à la sécurité sociale risque peut-être de surprendre par endroits. Elle s’interroge aussi sur la manière dont ces injections reçues de l’autre côté de la Manche, par des résidents de Grande-Bretagne, seront perçues par les autorités britanniques et sur la façon dont elles s’intégreront aux “passeports vaccinaux” peu à peu mis en place dans les différents pays (***).
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(*) Le nom des personnes n’a pas été précisé afin de préserver leur anonymat.
(**) Il est aussi possible de ne recevoir que la deuxième injection en France. Dans ce cas, il faut bien sûr signaler qu’on a déjà reçu une dose et indiquer le vaccin utilisé (le vaccin administré sera le même pour la seconde dose, sauf s’il s’agit de l’AstraZeneca et que la personne a moins de 55 ans, des études sur les mélanges sont actuellement menées).
(**) Les pays de l’Union européenne devraient avoir le leur. L’Angleterre devait lancer le sien ce lundi 17 mai en passant notamment par l’application du NHS. Cette “certification de vaccination” est pour l’heure utilisée uniquement à des fins de voyages internationaux.