Son sorbet antillais a fait sensation lors de la dernière édition du Carnaval de Notting Hill dimanche 25 et lundi 26 août. Cela fait 5 ans que Fritz Boungo, 30 ans, fait connaître les Antilles françaises partout en Europe grâce à Sowbella. Armé de sa sorbetière guadeloupéenne, le Sarcellois fait parler de lui à Londres, où il compte bien rester.
À l’origine, Fritz Boungo est manager dans une entreprise de plasturgie, métier qu’il exerce toujours aujourd’hui. L’idée de créer Sowbella lui vient alors qu’il habite encore à Paris, au détour d’une conversation avec ses amis. “On se demandait : ‘Comment ça se fait que les Antilles françaises ne soient pas assez représentées dans le monde ?’ Et on s’est rendu compte que c’est parce que les gens ne connaissent pas ces îles, tout simplement. Alors comment faire en sorte d’intéresser les gens à cette partie du monde ? En proposant ce qu’on fait de mieux et le distribuer tout autour de l’Europe !”
Fritz Boungo se lance dans les sorbets en 2014 et commence à les vendre sur les quais de la Seine. Petit à petit, le bouche-à-oreille fait son effet et il est invité à divers évènements comme des anniversaires, des mariages et des baptêmes. La même année, il décide de partir de l’autre côté de la Manche et emporte Sowbella avec lui. Le succès est immédiat. “À Paris, il y a beaucoup de concurrence parce qu’il y a beaucoup d’Antillais qui utilisent la même machine que nous, et beaucoup de clients disent qu’ils avaient l’habitude de le faire avec leur grand-mère. Mais à Londres, je suis le seul à faire ça !”
Le sorbet antillais, c’est plus de 180 ans d’histoire. Le nom Sowbella vient de “Sorbet La” en créole guadeloupéen, qui se traduit par “le sorbet” en français. Fritz Boungo et son équipe utilisent une sorbetière typiquement guadeloupéenne. C’est une machine à manivelle qui a été créée en 1834, ce qui en fait la première sorbetière au monde. “Elle est restée très présente dans les Antilles françaises, là où elle a disparu partout ailleurs. Il n’y a pas une plage ou un événement, comme les mariages ou les baptêmes, où on ne trouve pas cette sorbetière.” Ces machines sont trouvables principalement en Guadeloupe, mais gare à la qualité ! “Certaines sorbetières sont tellement de mauvaise qualité qu’elles se cassent au premier coup de manivelle, il faut donc bien la choisir.” Les goûts proposés par Sowbella sont également à l’image des Caraïbes : noix de coco, goyave, fruit de la passion, mangue, hibiscus ou encore cacahuètes.
Ces sorbetières facilement transportables permettent justement à Sowbella de faire le tour des évènements festifs en Europe, ce que Fritz Boungo apprécie tout particulièrement. “Ça me permet de pouvoir parler de ma culture et de nous faire connaître un peu partout.” L’équipe de Sowbella était présente cet été au carnaval de Berlin pour la deuxième année consécutive, et ils comptent bien y retourner une troisième fois. “Ça fait plaisir de savoir que les gens aiment notre glace et attendent de nous revoir l’année suivante. Donc à l’été 2020, on va essayer d’être vraiment partout pour se faire connaître un maximum et pour se créer une réputation qui sera indestructible.”
Son équipe se compose de 4 personnes en France et 3 personnes, dont lui-même, à Londres. Avec Thesocialina, un groupe événementiel, il organise des “Sunday Sorbet” tous les étés à Farringdon, une soirée typiquement caribéenne qui attire beaucoup de monde durant laquelle vous pouvez déguster ses sorbets. L’Antillais collabore aussi avec Seydou Catois, qui a fondé Gaïnde Smoothie et avec qui il était présent à Berlin et au carnaval de Notting Hill de 2019. D’ailleurs, pendant ce week-end festif, Fritz Boungo a vendu plus de 975 sorbets ! “En Angleterre, c’est encore très inconnu et attrape-regard parce qu’on nous voit tourner la manivelle, les gens se disent : ‘Qu’est ce qu’ils font ? De la glace, comment c’est possible ?’ J’aime beaucoup cette interaction.”
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Cet esprit festif, Fritz Boungo souhaite l’étendre au reste de l’Europe, notamment au Portugal et à Ibiza. Pour ce qui est de s’installer définitivement à Londres, c’est prévu, peut-être à Brixton, notamment au vu du succès fulgurant qu’il y rencontre. “Je veux trouver un endroit pour ouvrir une boutique à Londres. Il y a un potentiel juste énorme pour ce genre de produits. Alors qu’en France, on ne peut pas lutter contre une personne qui dit : ‘Ma mère faisait le même en mieux.’”
Justement, pour se développer, Fritz Boungo a besoin de plus de personnes, d’autant plus qu’il souhaite s’y consacrer à plein temps à l’avenir. “J’essaye de trouver du monde. C’est le plus difficile, parce qu’il faut des personnes de confiance qui ont vraiment envie de faire avancer la marque autant que je le veux.” Avis aux intéressés !