Thomas Maieli est tombé dans la marmite dès le plus jeune âge. Fasciné par les talents de sa grand-mère et sa mère, il grandit, fourré dans leur cuisine. Pour canaliser son énergie, son père l’envoie, à 10 ans, l’été au Cap d’Agde aider son oncle restaurateur. “J’y épluchais des montagnes de patates et nettoyais des tombereaux de moules, c’était dur, mais j’adorais l’atmosphère”.
A 15 ans, Thomas Maieli brille sur les tatamis de karaté et dans les alcôves plus qu’à l’école. Il est alors placé au Dauphin à Nangis, où les chefs, Compagnons de France, lui inculquent la discipline du métier. ‘Ils m’emmenaient aussi chasser ou apprendre les vins dans leur cave, et là j’ai eu le déclic”.
Thomas Maieli continue son apprentissage chez Le Nôtre. Avide de progresser, le jeune cuisinier se porte bénévole pour des heures supplémentaires. “C’est ainsi que j’ai appris le décor en pâtisserie”. Puis, il continue ses classes au Fouquet’s, sous la houlette des grands chefs Guy Krenzer triple Meilleur Ouvrier de France, Maximum ou Dorange. Jean-Pierre Vigato, le chef d’Apicius, lui confie même les dîners à domicile. “C’est la première fois que j’étais en relation directe avec les clients, que je voyais le résultat de ma cuisine et les gens heureux”.
Cuisinier pour l’équipe de football du PSG pendant un an, Thomas Maieli préfère être chef chez les particuliers. C’est ainsi qu’à la demande du musicien Billy Connolly, il part à Hollywood en 2001. Il réalise aussi des gâteaux pour un film de Martin Scorsese, avant de s’installer à Londres en 2002, comme maître pâtissier à l’Ambassade de France. Entrepreneur dans l’âme, Thomas Maieli monte en 2006 sa structure, “Mister Duck” : magrets, confits, rillettes, gésiers et foie gras. « Je cuisinais pour des dîners privés et les gens m’ont poussé à développer mes produits et créer ma marque ».
Que pense-t-il de la proposition du parti Labour d’interdire le foie gras au Royaume-Uni ? “C’est un feu de paille, une façon d’attirer l’attention sur eux”. Il faut dire qu’il a plutôt bien joué jusque-là : “Mes canards sont élevés et gavés en Bretagne, au Périgord et en Vendée et je les prépare moi-même à Londres”. Il a aussi su s’adapter au palais des locaux. “J’ai transformé mon foie gras au goût de l’Anglais, qui l’aime plus doux et parfois agrémenté de saveurs”.
Thomas Maieli insiste : “Il faut créer l’envie, être présent partout”. Le Français accumule les récompenses et est l’invité de nombreuses émissions télé. Il a aussi ouvert un pop-up restaurant au Pigalle club, à Picadilly Circus, lancé un foie gras au cognac pour Rémy Martin ou encore des chipolatas gluten free.
Aujourd’hui, près d’une vingtaine de restaurants, comme Le Garrick, ou des enseignes comme Fortnum & Mason, Selfridges ou Partridges vendent ses produits, sans oublier Le Pascalou. “C’est un gage de stabilité pour les gens, et pour moi, c’est la reconnaissance de mon travail. Mon succès n’est pas tombé du ciel, je l’ai gagné à force d’efforts”.