“Cela permet de passer un bon moment, de se divertir mais aussi de créer du lien, de travailler sa mémoire, d’apprendre.” Angèle Monod, 25 ans, croit dur comme fer aux vertus des jeux de société. Arrivée à Londres il y a un an et demi, cette Française originaire de Paris développe, depuis décembre dernier, une société proposant des sessions jeux aux particuliers et aux entreprises.
ToGameTher – c’est le nom de sa “ludothèque ambulante” – dispose d’une centaine de jeux qui sortent des sentiers battus. “J’essaie de proposer des divertissements qui ne sont pas très connus et dont l’on peut apprendre les règles en 3 minutes.” Exit le Monopoly ou le Uno. La jeune femme met à disposition de petits jeux aux noms rigolos comme le Croakroach Poker (Poker des Cafards), le Kingdomino (où il faut construire son royaume avec des dominos) ou le Cheating Moth (mieux connu sous le nom de Mito en français, jeu où la triche est reine), accessibles à un public aussi bien francophone qu’anglophone.
Des sessions, ouvertes à tous, sont organisées régulièrement dans un pub du centre-ville. Les gens viennent y jouer et peuvent, bien sûr, acheter des jeux. Angèle Monod propose aussi des séances à domicile, sur le modèle de la “réunion Tupperware”, pour que les personnes intéressées puissent tester le produit. “Ces sessions à domicile sont souvent l’occasion de renforcer les liens au sein de la famille, explique-t-elle. Et les jeux peuvent être une bonne façon pour les enfants d’apprendre ou pratiquer le français.” La jeune femme cherche, enfin, à proposer ses services aux entreprises. En organisant, là aussi, des sessions sur place. “Cela permet de renforcer la cohésion de l’équipe, de mettre à jour les qualités de telle ou telle personne.”
Cette passion pour les jeux de société, Angèle Monod l’a développée tôt. “Enfant, j’avais la chance qu’on m’offre beaucoup de jeux de société et je me souviens qu’en primaire j’invitais déjà des copines à la maison pour les leur montrer.” Étudiante en droits de l’Homme, un peu plus tard, elle va jusqu’à organiser des ateliers jeux en prison pour égayer la vie des détenus. “Les jeux, cela permet de sortir de l’isolement, cela apporte un peu de bonheur.”
Juriste de formation, la jeune femme suit son conjoint aux États-Unis, à la fin de ses études. Ne disposant pas, pour sa part, de visa de travail, elle se lance dans l’organisation bénévole de sessions jeux sur les campus américains pour rencontrer du monde. Avant de réaliser que ses séances sont réellement profitables aux étudiants étrangers. “Les jeux sont un super moyen de partages et d’échanges interculturels.” L’idée de ToGameTher voit le jour.
Les complications administratives la poussent finalement à quitter les États-Unis. Une fois en Angleterre, où son compagnon est envoyé, elle décide de faire de sa ludothèque ambulante, ToGameTher, son travail à part entière. Après la naissance de sa fille, née entre-temps, elle s’y emploie donc pleinement. Finition du site web, réflexion sur la mise en place de séances thématiques, recherche d’entreprises intéressées par ses services, Angèle Monod a du pain sur la planche. Mais aussi plein d’énergie à revendre. “J’ai beaucoup d’idées, sourit-elle. Je suis persuadée que tout le monde aime les jeux, même si certains n’en n’ont pas encore conscience. A moi de les convaincre !”