Mis à l’épreuve depuis la rentrée par Transport for London, l’autorité régulatrice des moyens de locomotion du Grand Londres, Uber n’a donc plus de licence d’exploitation depuis mardi 26 novembre 2019. Un sévère coup de frein pour la firme californienne qui ne compte pas se résigner et a d’ores et déjà annoncé vouloir faire appel de cette décision. En attendant, rien ne changera pour les usagers puisque les services de l’entreprise continueront “à fonctionner durant toute la procédure”.
Pour justifier “l’inaptitude” d’Uber à “détenir une licence d’opérateur privé”, TfL a invoqué “plusieurs manquements affectant la sûreté et la sécurité des passagers”. A commencer par une faille qui aurait permis à “des chauffeurs non-autorisés” de télécharger leur photo sur le profil de travailleurs affiliés à la plateforme. Selon l’autorité régulatrice des transports, “ce sont au moins 14.000 voyages” avec des conducteurs autres que ceux réservés qui auraient été effectués. Enfin, des personnes non-assurées ou “suspendues” par la société seraient également parvenues à recréer un compte et à reprendre leur activité sur la plateforme.
De son côté, Uber se désole d’une “mauvaise décision” dont elle souhaite faire appel devant la justice. En guise de réponse, l’entreprise se défend en affirmant avoir fait de “gros progrès de sécurité au cours des deux dernières années” comme par exemple l’ajout d’un bouton d’alerte – relié à un centre d’assistance – ou encore l’introduction d’une fonctionnalité permettant le suivi d’itinéraire par un proche. En outre, la plateforme déclare avoir “auditionné ses 45.000 chauffeurs” et s’apprêter à lancer un système de reconnaissance faciale afin de garantir l’identité de ses chauffeurs. Des efforts que soulignent d’ailleurs TfL. “Si nous reconnaissons qu’Uber s’est amélioré, il est inacceptable que des passagers aient pu être transportés par des conducteurs potentiellement non-assurés ou sans permis”, déclare Helen Chapman, la responsable de licences.
Cette nouvelle suspension vient donc s’ajouter à la liste des démêlés judiciaires liant TfL et Uber. En septembre 2017, l’autorité régulatrice avait déjà refusé le renouvellement de sa licence d’exploitation, ce qui avait conduit les deux parties dans un procès en appel en juin 2018. Devant les magistrats, la société avait déjà fait valoir “d’importantes avancées” notamment dans le domaine de la sécurité des passagers et s’était vue octroyer une licence probatoire de 15 mois, finalement prolongée par deux mois de sursis.
Pour rassurer ses quelque 3.5 millions d’utilisateurs dans la capitale anglaise, Uber déclare “tout mettre en œuvre pour sortir de cette situation” et continuera d’ailleurs à assurer ses services aux usagers puisque l’appel n’est pas suspensif. Toutefois, la société souhaite que “tous les opérateurs se conforment aux mêmes normes”. A en croire le leader du marché des VTC, les différentes acteurs en lice ne seraient pas logés à la même enseigne. “La dernière licence d’Uber Londres se composait de vingt normes, alors que celles des autres opérateurs n’en comptaient pas plus de neuf”, s’insurge l’entreprise.
Pour l’heure, difficile de dire si la mise en suspens des autorisations d’exploitation d’Uber fera les affaires de ses concurrents, et notamment du Français Kapten qui, contacté par nos soins, n’a pas répondu à nos sollicitations.