A six mois du lancement des Jeux olympiques et paralympiques, le directeur du comité Paris 2024 était à Londres mardi 30 janvier pour faire le point sur l’avancée de l’organisation, mais aussi et surtout pour promouvoir l’événement, et plus largement la destination France cet été, auprès des Britanniques, déjà conquis par les JO qui se tiendront à partir du 28 juillet dans la capitale française. En effet, ils sont déjà 500,000 à avoir acheté un ticket pour cet événement sportif mondial. “Deux tiers des acheteurs sont français, le tiers restant viennent de l’international avec un podium constitué du Royaume-Uni en première place, puis des Etats-Unis et enfin de l’Allemagne”, détaille Etienne Thobois, directeur du Cojop (comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques).
L’ancien joueur de badminton, qui dirige le comité d’organisation (dont le président est Tony Estanguet), explique cet engouement des Britanniques pour les JO de Paris par les souvenirs des Jeux de Londres en 2012. “Ils ont certainement envie de revivre ces émotions. Nous constatons même que parmi les volontaires, nous comptons de nombreux Britanniques”, se réjouit l’ancien athlète. Paris, ajoute-t-il, est aussi très proche géographiquement du Royaume-Uni, ce qui rend l’événement attrayant. “Nos deux pays sont très bien connectés, cela facilite donc les déplacements”, avance Etienne Thobois, “et puis, ils savent que venir à Paris, ce n’est pas que profiter des JO mais aussi de la France et de ses nombreuses activités estivales”.
Le directeur du comité a également reconnu que l’organisation des Jeux de Londres a inspiré celle des Jeux de Paris. “Chaque JO ont leur ADN et leur esprit. Quand nous avons vu ce qui avait été fait pour les Jeux de Londres en 2012, cela nous a donné envie de les avoir aussi”, se souvient Etienne Thobois. Des études de faisabilité et d’impact avaient ainsi été lancées juste après pour envisager une candidature qui permettrait, selon le directeur du Cojop, de ne pas trop dépenser. “Nous avons aussi beaucoup échangé avec les équipes de Londres 2012, sur leur expérience ainsi que sur ce qu’elles avaient fait pour les jeux paralympiques, qui furent extraordinaires et qui a ouvert le champ des possibilités en mettant l’organisation à un autre niveau”.
D’ailleurs, Sir David Clarke OBE, directeur de la délégation paralympique de Grande-Bretagne, présent lors de la soirée du mardi 30 janvier à la Résidence de France, est convaincu que “Paris va battre Londres”, en ce qui concerne l’organisation des jeux paralympiques, qui se tiendront du mercredi 28 août au dimanche 8 septembre. “Londres et Paris partagent de nombreux points communs, et en particulier leurs bâtiments historiques qui nécessitent des adaptations en matière d’accessibilité. C’est un vrai challenge, et ce n’est pas qu’une question qui concerne les hôtels ou les lieux d’entraînement. L’ambition est de rendre la ville accessible et répondre aux besoins des athlètes”. Lors de la soirée de présentation, il a aussi été rappelé que la flamme olympique pour les jeux paralympiques partira de Stoke Mandeville, en Angleterre, comme à son habitude. Mais grande première : elle traversera la Manche. Un moment historique en vue.
Si le directeur de la délégation paralympique de Grande-Bretagne voit Paris gagnante sur l’ensemble de l’organisation des jeux, il faudra tout de même que la capitale française parvienne à faire oublier la cérémonie d’ouverture grandiose de Londres, qui avait su mettre en valeur l’histoire du Royaume-Uni, son multiculturalisme avec une invitée très spéciale dans la mise en scène : la reine elle-même dans un scénario digne d’un James Bond. Alors Paris fera-t-il mieux ? Le directeur du Cojop en est persuadé, bien que pour lui il n’y ait pas de comparaison à faire. “Encore une fois, chaque JO sont spéciaux. En 2008, lors de la cérémonie d’ouverture des jeux de Pékin, Paul Deighton, directeur du comité d’organisation de Londres 2012, se demandait comment rivaliser avec un tel spectacle, en se disant qu’il n’était pas possible de mieux faire”, se souvient Etienne Thobois.
Mais la capitale française se tient prête avec une cérémonie d’ouverture qui se fera en extérieur, tout au long de la Seine, avec la mise en valeur des principaux monuments de la capitale française. “Une cérémonie sur six kilomètres”, indique le directeur du Cojo, “et la cérémonie des jeux paralympiques sera tout aussi ambitieuse”, avec notamment un défilé sur la place de la Concorde. Pour se distinguer des autres villes olympiques, Paris organisera des événements uniques comme la possibilité pour des coureurs amateurs de s’élancer sur le parcours officiel du marathon, mais aussi la possibilité pour les familles de participer à un 10 kilomètres. “Nous avons également pour la première fois une parité parfaite que ce soit parmi les athlètes ou le comité organisateur et les volontaires”.
Le comité organisateur a annoncé que la sécurité est une des priorités afin d’éviter les débordements, comme cela a pu être le cas lors de la finale de Ligue des Champions à Paris en mai 2022. Il y a deux ans, les supporters anglais, venus soutenir Liverpool, avaient été repoussés par les forces de l’ordre aux abords du stade parisien. “Nous sommes extrêmement déçus de la manière dont ils ont été traités”, avait alors réagi le Premier ministre britannique de l’époque, Boris Johnson, ajoutant que les images du Stade de France étaient “profondément troublantes et préoccupantes”. De son côté, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, s’était défendu en expliquant que “30 à 40,000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, soit sans billet, soit avec des billets falsifiés”.
Mais pour les JO, aucun fiasco de ce type, promet Etienne Thobois. “Le soir de ce championnat, tout est allé mal. Il n’y a pas d’excuse”, reconnaît le directeur du Cojop, rappelant ensuite que, depuis, de nombreuses autres manifestations s’étaient déroulées sans accroc. “Nous travaillons avec beaucoup d’attention avec les autorités sur les questions de sécurité, qui est notre priorité. Notre organisation sera sans précédent”.