« C’est possible, mais assez difficile et la loi dans ce domaine est très dynamique et sujette à des changements constants », avertit Nilmini Roelens, avocate spécialisée dans le droit de l’immigration. On ne peut plus simplement poser sa valise et ses outils pour créer sa petite entreprise au Royaume-Uni. Mais alors quel visa faut-il pour un entrepreneur à la conquête du marché britannique ? Plusieurs cas de figure existent.
Une entreprise, dont le siège est en France « et doit impérativement le rester », peut envoyer comme représentant en Grande-Bretagne l’un de ses employés. « Un profil senior, qui a l’autorité d’agir pour son employeur en France », sous visa Representative of an Overseas Business.
« Ces visas de représentant exclusif font actuellement l’objet d’une réforme et feront partie d’une nouvelle catégorie appelée Global Business Mobility. Je suggère aux entreprises qui prévoient de se développer à l’international en utilisant cette méthode de le faire de toute urgence, car la nouvelle voie risque de ne pas être aussi attrayante pour les cadres supérieurs. Les changements devraient intervenir à la fin du mois de mars ou en avril, mais le processus est encore en cours », soulève l’avocate. Côté coût, il faut compter £610, pour un visa d’une validité de 3 ans et renouvelable une fois pour 2 ans.
Le représentant installé et enregistré auprès de Companies House peut « déposer une demande de sponsor licence auprès du Home Office et faire venir ses collègues basés en France, sous le régime de transfert intra entreprise ». Ces personnes doivent avoir travaillé depuis plus d’un an pour le siège français (sauf à être rémunérées plus de £73,900 par an), et être payées au moins £41,500 par an. Ce visa est également voué à être révisé et sera inclus dans la catégorie Global Business Mobility.
Par ailleurs, ce même représentant peut également recruter sous le régime skilled worker visa (visa sponsorisé, valable pour une durée maximale de 5 ans au départ) : emploi de niveau 3 (niveau bac), salaire au minimum annuel de £25,600 et niveau d’anglais B1. Ce dernier point étant « souvent une difficulté pour les gens qu’on sponsorise, sauf à venir d’un pays anglophone». Le coût pour ces 2 visas ? Entre £610 to £1,408, selon la durée et le type d’emploi.
Cette démarche de sponsor a également un impact financier pour l’employeur. « Pour une petite entreprise, les frais du ministère de l’Intérieur pour une licence de parrainage ne s’élèvent qu’à £536, mais lorsque vous ajoutez d’autres coûts tels que l’Immigration Skills Charge (£364 pour les 12 premiers mois et £182 pour chaque période supplémentaire de 6 mois), la cession du certificat de parrainage (£199) et tous les frais de visa et de surtaxe sanitaire pour l’individu et peut-être pour sa famille, ainsi que les frais juridiques, cela représente une somme considérable ».
Les startup et innovator visas s’adressent aux personnes proposant « un produit ou un service vraiment innovant », inexistant sur le marché britannique, avec un véritable potentiel de croissance. La candidature doit recevoir l’approbation d’un établissement britannique d’enseignement supérieur ou d’une des organisations commerciales de type business angels agréés par le gouvernement.
Le coût pour le “startup visa” est de £363, pour une validité 2 ans. Il n’existe pas de renouvellement mais il est possible de passer ensuite à l’innovator visa si l’entreprise a prouvé sa viabilité. Les conditions pour l’obtention de ce visa sont : niveau d’anglais B2 et capacité à subvenir à ses besoins (fixée à £1,270 sur son compte en banque dans les 28 jours précédant l’application).
Concernant l‘Innovator visa, il coûte £1,021, pour une validité 3 ans avec possibilité de renouvellement. « C’est une voie beaucoup plus exigeante que le visa startup, notamment pour son renouvellement ». D’autre part, l’entrepreneur sous innovator visa doit disposer d’au moins £50,000 en fonds d’investissement pour monter sa nouvelle entreprise. Impératif bientôt modifié, mais dont les détails ne sont pas encore connus.
Ce visa est réservé aux profils issus des domaines universitaire, recherche, arts, culture et technologies digitales, ayant « une renommée établie dans leur domaine et exceptionnellement talentueuses » détaille Nilmini Roelens. « Une catégorie assez intéressante, si on est arrivé à un certain niveau ». Sauf à s’être vu décerné un prix prestigieux (dont la liste est consultable sur le site d’UKVI), ces candidats doivent être adoubés par un organisme d’approbation britannique expert dans le domaine du candidat.
Côté coût, il faut compter £608 pour un visa valable entre 3 et 5 ans (selon la renommée). Il n’existe pas de condition de niveau de langue ou de salaire minimum. « C’est un visa très recherché », indique l’avocate spécialisée dans le droit de l’immigration.
Tous ces visas sont soumis à l’obligation de s’acquitter de la Immigration Health Surcharge (IHS). Fixé à £624 par an pour des visas de plus de 6 mois, ce supplément obligatoire permet d’accéder aux services du NHS (ordonnances, soins dentaires, oculaires et de PMA non compris).