Tel père, tel fils. A quelques détails près. Si Victor Marichal aime écrire comme son père, l’auteur français Pierre Lemaitre (prix Goncourt 2013), lui préfère chanter ses textes devant un public… d’enfants. Celui que l’on appelle “Victor the story sailor” est un passionné de musique depuis son plus jeune âge. Quand il a débarqué il y a huit ans à Londres, il n’aurait certainement jamais imaginé devenir l’idole des… très jeunes.
Tous les mois depuis février, Victor Marichal enchante les enfants venus l’écouter à Caravansérail, librairie franco-britannique créée par deux cousines françaises. “J’ai rencontré Laura et Anne après une série de concerts que j’avais donnée. On est vite devenu amis. Un jour, on discutait et Laura m’a dit qu’elle cherchait quelqu’un pour faire la lecture aux enfants”, raconte Victor Marichal. Le jeune homme lui propose alors son concept : un mélange de musique et d’histoires. “J’ai toujours aimé le story telling, et puis travailler avec les enfants, je connais”.
Car le Français est nanny depuis trois ans, même si rien ne le prédestinait à ce métier. “Je suis arrivé à Londres en 2010. Je suis parti avec des copains et ma petite-amie de l’époque. Mais rien ne s’est passé comme prévu”, se souvient l’ancien étudiant en musique et en chant. Après ses études donc, il embraque pour l’aventure londonienne. L’objectif de cette traversée de la Manche était de venir jouer de la musique avec son groupe. “Je connaissais un peu Londres, car j’ai mes frères et soeurs qui y ont habité. Quand on est arrivé, j’ai commencé à travailler dans un restaurant, je faisais 45 heures par semaine”. Un boulot épuisant et une vie intense, qui n’a finalement pas convenu à ses amis qui, eux, ont préféré rentrer à Paris.
Il enchaîne les petits jobs dans la restauration pendant cinq ans environ, tout en continuant parallèlement sa musique. “Mon père m’a aussi proposé de travaillé avec lui sur l’adaptation d’un film américain. J’ai bossé sur le scénario pendant six mois”, confie Victor Marichal. Finalement, le projet a été mis en suspens. Le jeune homme, un peu las de la restauration, change du tout au tout. “Je n’étais pas heureux, je n’avais pas assez de temps pour ma musique. Je me suis alors dit “pourquoi pas faire nanny”?”. Il envoie une seule candidature et est retenu tout de suite. “Je m’occupe de deux enfants, qui ont aujourd’hui 8 et 11 ans. J’aime bien ce job, car cela me laisse du temps pour ma passion et puis, ils sont vraiment adorables”.
C’est en travaillant avec ces petits bouts de choux que l’idée de “Victor the story sailor” est un peu née. Un dimanche par mois, il raconte donc, guitare à la main, des histoires à un public, âgé entre 1 et 4 ans. “Au départ, je voulais écrire des histoires moi-même et pour les interpréter les accompagner d’une bande son. Finalement, j’ai réadapté mon spectacle pour que cela correspond plus à mon “public””. Victor Marichal propose donc soit des contes inventés, soit des adaptations de contes existants ainsi que des jeux musicaux.
La dernière session à Caravansérail aura lieu dimanche 8 juillet. “Je reviens ensuite en septembre avec peut-être un nouveau format”. Mais on n’en saura pas plus pour le moment. Le jeune homme espère aussi pouvoir raconter ses histoires dans d’autres lieux de la capitale. “Je vais aussi continuer ma collaboration avec La Librairie à Hammersmith. Et j’aimerais pourquoi pas proposer quelque chose à l’Institut français”.
Le conteur n’en oublie pas pour autant sa musique. Samedi 14 juillet, il organise un mini-festival pour le lancement du label “Gong-Oh” – qui signifie “enthousiaste” en chinois – qu’il a co-fondé avec des amis. L’objectif : faire émerger des artistes européens vivant au Royaume-Uni. Pour officialiser la naissance de cette maison de disques, les fondateurs ont donc lancé cet événement familial, qui se déroulera toute la journée au Paper Dress Vintage à Hackney et mettra en vedette de la musique live, des contes, de l’art de la performance et de la photographie. Acoustique, rock-folk, blues, jazz, soul… Tous les styles seront là. “Je vais aussi sortir à l’automne, sous mon propre nom, un premier single”, révèle le jeune homme qui écrit ses textes en français, en anglais et en italien.