Quand Christine Coulaud Afflelou, via son club The B&C, l’a invitée à venir à la rencontre des lecteurs de Londres lundi 11 juin à la médiathèque de l’Institut français, Amélie Nothomb n’a pas hésité une seconde. La première raison étant qu’elle “apprécie beaucoup Christine”. La seconde parce que “d’une manière générale, c’est très important pour moi de rencontrer les lecteurs, car quand on écrit on est terriblement solitaire et on n’est pas tout à fait sûr qu’on n’est pas en train de perdre la raison”, confie l’auteure de “Stupeur et tremblements” ou encore “Hygiène de l’assassin”.
Pour Amélie Nothomb, ces rencontres sont le meilleurs moyens de savoir si les gens la suivent dans sa logique. “C’est important de voir l’effet produit, c’est une façon de savoir, à supposer que je sois devenue complètement folle, si les gens me suivent jusque-là. Si c’est le cas, c’est que tout va bien. Certes, je serais folle mais eux aussi”, rit-elle.
Elle apprécie tout particulièrement l’honnêteté de ses lecteurs. “Ce qui me fait très plaisir, c’est qu’aucun de mes livres ne fait l’unanimité, ni dans le bien ni dans le mal, même dans mes livres supposés les plus aimés, comme “Stupeur et tremblements”, ont reçu des avis très défavorables de certains de mes lecteurs. A contrario, mes livres qui ont été les plus critiqués ont eu des déclarations d’amour absolu. Je crois que mes lecteurs sont vraiment sincères et qu’ils me disent exactement ce qu’ils pensent”, se réjouit Amélie Nothomb.
Mais pas question que ces avis ne changent son processus de création. “Ces remarques sont intéressantes, mais je ne dirais pas qu’elles vont me modifier, car il faut aussi que je sois un écrivain honnête”. Car pour Amélie Nothomb, l’écriture est sacrée. “Ecrire, ce n’est pas un marché pour moi, c’est ce que je suis. Je préfère bien évidemment être aimée que ne pas être aimée, mais de là à écrire pour cela, Dieu merci non. D’ailleurs, je n’ai toujours pas compris ce que les gens aimaient dans ce que j’écrivais, je ne peux donc pas faire exprès de leur faire plaisir”.
Etre à Londres pour cette rencontre a été aussi une des raisons qui a poussé l’auteure a accepté l’invitation du B&C Club. “Cela faisait 13 ans que je n’étais pas venue au Royaume-Uni, Il était donc temps. C’est d’autant plus fou que mes lointaines origines sont britanniques puisque les Nothomb, comme leur nom l’indique, étaient originaires et vivaient dans le Northumberland (dans le Nord-Est de l’Angleterre) jusqu’au 11ème siècle avant s’installer dans ce qui n’était pas encore la Belgique. Bref, une fois de temps en temps je me dit qu’il faut que j’aille voir si éventuellement j’ai encore quelques liens avec ce pays”, plaisante Amélie Nothomb.
Cependant, le coup de foudre avec Londres est loin d’être arrivé pour l’auteure. “Mais dans mon cas, il y a surtout un espoir. Jusqu’à présent, je dois dire que je n’ai pas réussi à très bien comprendre Londres, mais je sens que cette fois-ci va être la bonne. Avant la rencontre avec les lecteurs, j’ai eu le temps d’aller visiter la salle d’armes de la Wallace Collection, et là le coup de foudre a été très fort”.
En attendant de savoir si l’histoire se finit bien, Amélie Nothomb prépare la rentrée littéraire. “Mon actualité est toujours terriblement prévisible : chaque premier septembre, je publie un nouveau livre et le 1er septembre 2018 ne fera pas exception”, confesse-t-elle. L’ouvrage est déjà prêt, mais entretenir le suspense, l’auteure sait le faire. Elle ne dira pas un mot sur le contenu des pages. Enfin, après avoir un peu insisté, elle a accepté de donner un indice : “L’une des idées principales me vient d’un contemporain de Shakespeare, Ben Jonson”, confie-t-elle, avant d’ajouter, pleine de malice, “peut-être que les origines lointaines de la famille sont en train de se réveiller”.