“Je n’aurais jamais pensé il y a six mois que je monterai ma propre affaire”, confie Julie Barteau. La Française de 22 ans vient en effet de lancer sa petite entreprise de restauration à emporter, Assaje, avec colocataire Alessandra Colettta. Les deux associées proposent depuis fin juillet un menu réalisé depuis leur cuisine à Harringay et composé de divers sandwiches ainsi que de desserts italiens dont la matière première provient directement de la région de Naples. 

Au chômage partiel, elle cherchait à “rebondir”

“Assaje signifie “trop” en napolitain. On voulait avec ce nom que les gens aient déjà l’eau à la bouche en voyant ce que nous leur proposions”, explique Julie Barteau. Les sandwiches que les deux jeunes femmes proposent portent tous des noms italiens comme la Malafemmena, composée de porchetta rôtie, de poivrons napolitains et d’une crème pecorino. Ou encore la Reginella, composée d’une pancetta roulée, de ricotta, d’aubergines à la sauce tomate, et d’une sauce aux courgettes. “La viande mais aussi les fromages viennent tous du Marché de Campanie dans le sud de l’Italie”, détaille la Française. Avec sa colocataire, elle espère ainsi changer la carte des sandwiches à chaque saison. “Pour le lancement, on voulait donner cet esprit frais et estival, où comme en Italie, on emporte son sandwich pour le déguster à la plage”. 
Cette idée de lancer leur entreprise est née alors que les deux amies, également collègues de travail au sein du Sheraton Grand London Park Lane, se sont retrouvées en chômage partiel en mars dernier. “Une de nos collègues s’est faite licencier, et on ne savait pas vraiment ce qui allait se passer pour nous”, raconte la Française, qui occupe une poste de pâtissière au sein de l’hôtel, tandis qu’Alessandra Coletta y est serveuse. “On a commencé à se demander ce que nous pouvions faire pour rebondir au cas où”, poursuit Julie Barteau, “je ne voulais pas que la Covid le symbole de mon échec à Londres si je devais repartir en France”.

La jeune femme est arrivée en septembre 2017 dans la capitale anglaise. Elle avait à peine 19 ans et était diplômée d’un bac pro de cuisine et d’un apprentissage en pâtisserie. C’est grâce à sa professeur d’anglais qu’elle mettra le pied de l’autre côté de la Manche. “J’avais envie de partir, de voir s’il y avait des opportunités pour moi ailleurs qu’en France”, confie-t-elle, “ma professeur m’a mise en relation avec un de ses anciens élèves qui travaillait au Sheraton. J’ai passé un entretien et j’ai été prise”. 

Des premiers retours positifs

Très attachée à Londres, une ville “où les gens vous donnent votre chance sans vous juger”, la jeune femme souhaite donc y rester. En échangeant sur leur avenir, sa colocataire lui a alors parlé d’une de ses amies, à la tête de l’entreprise D’Angelo qui produit de la charcuterie dans la région napolitaine. “Dès fin mars, on a commencé à imaginer notre projet, à élaborer un menu”. Puis en mai, les choses prennent forme, mais avant elles décident de se faire aider. “On a adhéré à une association, qui aide les personnes souhaitant lancer leur entreprise. On a eu une formation en ligne sur toutes les questions d’hygiène par exemple”. Les associées investissent aussi dans de l’équipement professionnel pour démarrer leur activité. “On voulait lancer notre affaire début juillet, mais avec l’épidémie, on a eu beaucoup de retard de livraisons”, assure Julie Barteau. 
C’est donc un mois plus tard, le 29 juillet, que les partenaires ont pu officialiser l’existence d’Assaje. Les commandes se passent directement sur Deliveroo pour une livraison à domicile ou FoodHub pour venir les chercher sur place à Harringay. Les premiers retours ont été plutôt positifs. Ce qui encourage les deux jeunes femmes à continuer et pourquoi pas à terme ouvrir un stand, à Camden Market par exemple. “Avant de nous lancer, je me posais beaucoup de questions, j’avais des appréhensions à l’idée de monter mon entreprise à 22 ans, finalement cette épidémie a été une opportunité pour nous de montrer que malgré tout il est toujours possible de rebondir. Et qui sait cela peut nous ouvrir de nouvelles portes professionnelles et même nous faire tout simplement grandir personnellement”.