“Vous voyez, là, c’est la porte de l’immeuble de Bridget Jones. C’est dans cette rue qu’ils ont tourné toutes les scènes extérieures !”, lance David Rouland au détour d’une conversation, à Borough Market. Il connaît les rues de Londres par cœur. C’est d’ailleurs le premier Français à avoir passé le légendaire test “Knowledge” pour devenir taxi londonien, réputé pour être le plus difficile au monde.
Au volant de son “black cab”, ces taxis londoniens faisant partie intégrante du charme de la capitale anglaise, David Rouland balade les visiteurs francophones au travers de la ville. Il y a dix ans, l’ancien restaurateur et majordome a lancé son entreprise Visitez Londres en taxi.
A tout juste 18 ans, il quitte sa Picardie natale en 1991 pour s’installer de l’autre côté de la Manche. “Je voulais apprendre l’anglais et y passer un an. Au final, j’ai rencontré ma femme au bout de 6 mois et ça fait 28 ans que je suis là !” Il travaille d’abord dans la restauration et en tant que majordome le soir. A la naissance de son fils, il décide de devenir taxi afin d’avoir un emploi du temps plus flexible. Il étudie alors dans une école spécialisée pendant trois ans pour passer le fameux test “Knowledge”. Pour se préparer, il “se balade dans Londres avec un “partenaire” en se posant des questions sur les rues, les monuments, etc.”
Il obtient le Graal en 2005 et établit un record par la même occasion, puisqu’il est le premier Français à décrocher le permis de conduire un black cab, et est d’ailleurs encore le seul à ce jour. “C’était un vrai challenge. C’était assez dur, surtout les six derniers mois, parce qu’ils ne te disent jamais si tu vas réussir à l’avoir, et il faut vraiment s’y mettre à fond pour tout connaître.”
En plus de l’examen, David Rouland a une autre spécialité, celle d’être un taxi guide certifié. Il passe cet autre examen en 2007, “pour approfondir mes connaissances de l’histoire et de l’architecture de Londres. J’étais toujours dans la communication avec mes clients, je voulais toujours parler avec les gens. Quand on est taxi, c’est plus sympa d’avoir une connexion avec ses clients.”
Ses diplômes en poche, il s’inscrit à des agences qui offrent des visites en taxi pour les Américains. Très vite, on le sollicite pour faire des visites en français, et c’est comme ça qu’il a l’idée de créer une compagnie spécialisée dans les visites francophones. “J’ai de tout, des Français, des Belges, des Suisses, et même beaucoup de Québécois !”
C’est bien plus qu’une visite guidée ou une course en taxi. Ses visites se réservent par e-mail, avec un tarif variant entre £12 et £250, et peuvent être personnalisées. “C’est du sur-mesure. Je fais des visites classiques plus ou moins classiques, insolites, ciblées sur le street art ou Harry Potter, etc. Ça dépend si c’est un groupe, une famille, s’il y a des enfants ou des ados. On s’adapte par rapport à ce que les gens connaissent déjà de Londres.”
Lors de ses visites, David Rouland alterne entre son taxi, qu’il utilise pour se déplacer plus rapidement entre chaque monument, et des visites à pied. Sa connaissance parfaite de Londres se révèle bien utile quand il faut sortir des embouteillages. La durée est également personnalisable : quelques heures, une demi-journée ou une journée entière.
En parallèle, il développe, via son autre entreprise Visitez Londres en français, des visites complètement pédestre et même en vélo. De plus, il a récemment fait l’acquisition d’un taxi électrique. “C’est super beau, c’est silencieux et il y a un toit panoramique, c’est beaucoup plus pratique pour les visites !”
Ses endroits préférés se situent entre tradition et excentricité. “J’adore la famille royale et les graffitis. Pour ça, il y a Brick Lane et Shoreditch, qui est un peu la Silicone Valley de Londres. Mon quartier préféré reste celui de Westminster, surtout St James.” Et pour cause, il a eu l’occasion de travailler pour des membres de la famille royale et de l’aristocratie quand il était majordome.
De plus, David Rouland vient tout juste d’obtenir un nouveau badge, celui de guide officiel de la ville de Westminster, ce qui lui a demandé encore un an d’études à l’université de Westminster. “Ça m’a permis de mieux connaître l’histoire du centre historique et de faire des recherches plus approfondies. J’y suis tout le temps, et je voulais comprendre comment la ville s’est développée, l’architecture, etc.”
Le chauffeur aux multiples talents et diplômes vit une véritable histoire d’amour avec la capitale anglaise, et compte bien y rester. “Londres, c’est ma maison maintenant. C’est une superbe ville qui continue à se développer. Je me considère comme européen et londonien !”