“Quand je travaillais dans les hôtels cinq étoiles, j’utilisais souvent de la pâte à tartiner qui contenait beaucoup d’allergènes. Beaucoup de gens autour de moi n’en mangeaient pas à cause de la présence de noisettes ou de produits laitiers. Sans compter que ce genre de pâte à partiner n’utilise pas du chocolat mais de la poudre de cacao”, explique Kelly Nadjarian. La pâtissière décide alors de remédier à tout cela. Il y a cinq ans, elle commence alors à travailler sur une recette maison et les premiers tests sont plutôt concluants, se souvient-elle. “Je voulais une pâte à tartiner contenant des ingrédients simples et peu sucrée”. Pas d’additifs, pas de colorants, pas de conservateurs, insiste-t-elle. “Mes 17 ans d’expérience en tant que pâtissière m’ont vraiment permis de me concentrer sur l’essentiel”.
La Française installée à Londres depuis 2011, et qui a travaillé entre autres au Mandarin Oriental, au Ned, au Ritz au Beaumont Hotel ou encore au Berkeley Hotel auprès de Pierre Koffman, ne pense pas tout de suite à commercialiser sa pâte à tartiner, qu’elle baptiste Yuki Spread. Yuki, comme le nom de son chat qui fut son “premier client”, rit-elle. “Quand je faisais mes essais, il tentait à chaque fois de goûter. J’ai trouvé ça marrant”. Au moment de la Covid, alors qu’elle ne peut plus travailler comme pâtissière dans des hôtels, Kelly Nadjarian enchaîne les “jobs alimentaires”. “J’étais à temps partiel, j’occupais le reste de mes journées à faire des confitures”.
C’est là, dit-elle, que son idée de Yuki Spread reprend vie. Elle se met à travailler davantage sur son projet, qui prend vraiment forme en 2022. Elle propose d’abord ses pots de manière confidentielle chez quelques revendeurs de l’Est de Londres, comme le supermarché Eat17. “Les propriétaires m’ont vraiment donné une chance”, se souvient la Française. Kelly Nadjarian en vend aussi dans quelques boulangeries, toujours dans le quartier de Walthamstow.
Après ces premiers succès, elle décide de passer à la vitesse supérieure il y a quelques mois en officialisant la marque avec un site internet, où il est possible de passer directement commande. “Après la Covid, j’ai repris le travail à temps plein, alors ce n’était pas évident de me consacrer à Yuki Spread”.
Mais depuis mars, et grâce au soutien de sa femme, elle s’est complètement investie dans son entreprise et a pu développer de nouvelles recettes, toujours à base de plantes, sans produits laitiers, et certaines véganes. “Je ne veux exclure personne, je veux que chacun puisse trouver sa pâte à tartiner”, lance Kelly Nadjarian, “je ne pense pas à faire du profit mais à faire plaisir”. Ainsi, parmi les recettes proposées, il y a chocolat Tonka goût caramel, chocolat orange (avec des oranges fraîches et sans arôme artificiel), chocolat banane.
Sa pâte à tartiner, elle la produit dans une cuisine d’un jardin communautaire de Walthamstow, avec qui elle travaille à recycler par exemple ses peaux de banane en compost. “J’utilise aussi la menthe des jardins”. Kelly Nadjarian prévoit même de faire pousser l’an prochain ses courges pour une future recette au goût “pumpink spice”. “Je rêve constamment, au sens propre, de nouvelles idées de saveurs, j’ai même un carnet près de mon lit pour tout noter à mon réveil”.