Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, French Morning London dresse le portrait de chacun des candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 5 juin dans les bureaux de vote.
Thomas Lepeltier s’est engagé dans la cause animale il y a une dizaine d’années, après avoir découvert des vidéos et lectures qui lui ont ouvert les yeux. “J’étais un peu comme tout le monde, je ne me posais pas trop de questions. Puis j’ai commencé à m’intéresser par des ouvrages au sujet et je me suis rendu compte que les animaux étaient plus maltraités que je ne le pensais”, raconte ce chercheur indépendant et essayiste en histoire et philosophie des sciences installé à Oxford depuis une vingtaine d’années, “sauf que cette souffrance n’est en aucun cas justifiée et j’ai réalisé que la société entretenait une culture cruelle et absurde”.
Depuis cette prise de conscience, le Français s’est alors mis à écrire sur l’éthique animale. Un engagement intellectuel qui finira par déboucher par une implication et un militantisme politique en se rapprochant du parti animaliste. Parti, qui a donc décidé de l’investir pour les législatives sur la troisième circonscription des Français de l’étranger. “Ils m’ont contacté pour savoir si je serais intéressé et j’ai dit oui”, lance Thomas Lepeltier qui a alors pris officiellement sa carte du parti il y a quelques mois. Sa campagne, ajoute-t-il, sera assez “minimaliste”, le parti n’ayant pas de gros fonds. “Aussi, un candidat des Français de l’étranger ne peut pas vraiment mener campagne comme le ferait un candidat en France. Non seulement parce que les circonscriptions sont beaucoup plus importantes, comptant de nombreux pays, mais aussi parce qu’il est difficile d’aller sur les marchés à la rencontre des électeurs”. Thomas Lepeltier promet néanmoins d’organiser une réunion en ligne avant le premier tour (le 1er juin pour le vote en ligne, le 5 juin pour le vote à l’urne).
Concernant les propositions qu’il a à faire aux électeurs et électrices, le Français est transparent : “Le parti animaliste est un parti monothématique, qui a un objectif principal, rendre la cause animale visible”. Donc pas de promesses sur la hausse du pouvoir d’achat, sur l’éducation, sur la dématérialisation des démarches consulaires… Thomas Lepeltier et sa suppléante, Pauline Abela, jeune femme de 26 ans qui habite en France et travaille au sein de l’association végétarienne de France, ne sont pas d’illusions d’ailleurs. “On ne va pas gagner les législatives, le parti ne sera pas au pouvoir”, lance-t-il, “mais on peut montrer, en mobilisant les électeurs, que la cause animale est un sujet important et que tout le monde ne s’en fiche pas”. Il prend pour exemple les élections européennes de 2019, où le parti animaliste avait créé la surprise avec un score de 2,2%, juste derrière le parti communiste et ses 2,5%. “Tout le monde est contre la maltraitance mais rien ne se fait, voter c’est taper du poing sur la table”.
Faire pression sur les autres partis, voilà le pari des défenseurs de la cause animale. “On l’a vu, depuis ces dernières élections, deux partis importants, la France Insoumise et Les Verts, ont intégré dans leur programme ce sujet”. Poursuivre sur cette lancée, tel est donc l’ambition de Thomas Lepeltier sur la troisième circonscription des Français de l’étranger. Le Français croit aussi que la cause animale peut croiser d’autres sujets comme l’éducation, en intégrant le sujet au sein de l’école. “Les enfants peuvent être éduqués sur cette question, en leur expliquant qu’un animal est aussi capable d’émotion”. Autre façon de lutter contre la maltraitance des animaux, leur transport. “Quand on transporte des bêtes, dans des conditions abominables, à des milliers de kilomètres pour qu’elles se fassent abattre, c’est inadmissible. Cela doit changer, et passer par l’interdiction de l’exportation d’animaux vivants vers les pays tiers”.
De même, combattre la maltraitance animale, notamment en cessant l’abattage des bêtes, est un levier de la lutte contre le réchauffement climatique, assure Thomas Lepeltier, s’appuyant sur le dernier rapport du Giec préconisant la baisse drastique de l’élevage des animaux. “Arrêter de manger de la viande présente aussi un intérêt diététique”, ajoute le Français. Moins de viande, c’est meilleur pour la santé, estime-t-il. “Des mesures concrètes peuvent être prises”, lance-t-il, avant de prendre pour exemple le Royaume-Uni, où “l’offre végane et végétarienne est plus importante qu’en France”. “Il y a 20 ans, ce n’était pas le cas, mais depuis cinq ans, on voit un vrai changement car la société britannique a évolué. On peut imaginer de faire la même chose avec la société française”, espère Thomas Lepeltier. Le parti animaliste a en effet pour ambition, s’il parvient à faire pression auprès des autres mouvances politiques, de faire baisser de 50% la consommation de produits d’origine animale dans les cinq prochaines années.