Boris Johnson a été testé positif au COVID-19 le 27 mars dernier. Le Premier ministre expliquait présenter des symptômes légers du coronavirus, mais dimanche 5 avril, il a été admis à l’hôpital pour des problèmes respiratoires. S’il assurait depuis lors ses fonctions de chef du gouvernement, les circonstances pourraient changer selon l’évolution de son état de santé. C’est pourquoi un “designated survivor” a été choisi pour ainsi le remplacer le temps de sa convalescence. Mais qui est-ce et en quoi cela consiste ?
Le terme de “designated survivor” vient directement des Etats-Unis. La procédure a apparemment commencé à la fin des années 1950 pendant la guerre froide, et le gouvernement américain n’a publiquement reconnu le statut de survivant désigné qu’en 1981. Le principe : un “survivant désigné” est utilisé lors du discours sur l’état de l’Union du président, les inaugurations et les discours présidentiels aux sessions conjointes du Congrès. Le but étant d’assurer la succession présidentielle en cas de catastrophe, d’attaque ou d’événement imprévu. Aux États-Unis, la Constitution et d’autres lois désignent ainsi par ordre le vice-président, puis le président de la Chambre – et la liste se poursuit jusqu’au ministre de l’Agriculture et même du Logement.
Au Royaume-Uni, les choses ne sont pas formellement et juridiquement établies. “Il a été même précisé en 2010, lorsqu’il y avait un gouvernement de coalition, […] que le poste de vice-premier ministre ne vous assurait pas de devenir premier ministre en cas de décès de ce dernier”, explique le Dr Jonathan Eyal, directeur international du Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI). L’objectif était d’éviter qu’un vice-premier ministre d’un autre bord politique ne prenne la relève. Selon l’expert, dès sa nomination, le chef du gouvernement serait immédiatement informé de la ligne secrète de succession, qui débuterait probablement par le ministre des Affaires étrangères ou le chancelier de l’Échiquier, mais progresserait également assez loin dans les rangs du cabinet, envisageant qu’un événement hors du commun pourrait atteindre une majorité du Cabinet.
C’est donc logiquement dans ce cas inédit où Boris Johnson est atteint du coronavirus, que son ministre des Affaires étrangères – également Premier secrétaire d’Etat et donc adjoint du Premier ministre -, Dominic Raab (testé par deux fois négatif au COVID-19), a été nommé “designated survivor”. Mais en cas de remplacement, cela ne lui donnerait pas le titre de chef du gouvernement jusqu’à la fin du mandat. Il ne le serait que pour une durée minimale, le temps que le parti majoritaire – autrement dit les Conservateurs – puisse élire officiellement un nouveau leader.