C’est un euphémisme que de dire que Theresa May aura le sommeil léger le week-end à l’orée de la semaine du 11 mars. Le 15 janvier dernier, après de longs mois de discussions intenses avec Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, entre autres, celle-ci avait essuyé un cuisant revers face aux député.e.s britanniques au sujet de l’accord qu’elle avait négocié pour la sortie du Royaume-Uni de l’Europe. Désormais, pour la Première Ministre ainsi que pour toute la classe politique britannique et l’Union européenne, c’est une semaine pas comme les autres qui s’annonce du côté du Parlement britannique. En effet, ce sont potentiellement 3 votes cruciaux sur le Brexit qui auront lieu à la Chambre des Communes entre mardi 12 et jeudi 14 mars. Voici, en détail, comment la semaine du 11 au 15 mars pourrait se dérouler au Parlement, avec à chaque fois différentes issues possibles.
Jusqu’au 12 mars, l’équipe de Theresa May sera à Bruxelles pour essayer de re-négocier un accord avec l’Union européenne, notamment au sujet de la frontière irlandaise. Les négociations étant complexes du fait du refus de l’UE de revenir sur ce sujet épineux, la locataire du 10 Downing Street a déclaré fin février vouloir prendre le temps nécessaire pour revenir à Londres avec un accord concluant. Elle a ensuite annoncé la date butoir pour organiser, au Parlement britannique, le vote sur l’accord qu’elle aura négocié avec Bruxelles : mardi 12 mars. L’Histoire retiendra que ce vote déterminant aura eu lieu à peine deux semaines avant la possible plongée dans l’inconnu du Royaume-Uni, en cas de no-deal. Ce jour-là, les député.e.s britanniques auront entre leurs mains l’avenir de leur pays et celui de l’Europe. Devant le nouvel accord – renégocié ou non – que Theresa May leur présentera, ceux-ci auront le choix de voter leur approbation au texte, ce qui signifierait un accord et donc une sortie du pays le 29 mars, ou leur désapprobation, ce qui entraînerait alors un nouveau vote dès le lendemain.
Si le “non” à l’accord négocié avec Bruxelles l’emporte, alors, mercredi 13 mars, les membres de la Chambre des Communes seront invités à se prononcer sur une sortie sans accord, et ce dès le 29 mars, du Royaume-Uni. Une telle issue paraît aujourd’hui le pire des scénarios envisageables pour les Britanniques comme pour les Européens, tant sur le plan économique que diplomatique.
Un vote en faveur d’un no-deal n’étant que très peu probable de la part des parlementaires britanniques, le gouvernement devrait alors envisager l’organisation d’un troisième vote dans la même semaine, dont l’objet porterait cette fois sur une potentielle demande d’extension de l’Article 50. Si la motion d’extension est rejetée, alors le Royaume-Uni sortira de l’UE sans accord à la date de sortie prévue initialement.
Une fois terminés ces trois votes significatifs, quand bien même les membres du Parlement britannique auraient voté la motion de demande d’extension de l’Article 50, le sort du Royaume-Uni ne serait pas entre ses mains. Si cette demande est possible, aucune date n’a pour l’instant été évoquée par le gouvernement britannique, bien que Theresa May ait assuré que le Brexit devra être effectif au moins avant le 26 mai 2019, date des élections européennes. En effet, la demande d’extension du délai accordé au pays pour sortir de l’Europe serait alors soumise à l’approbation des 27 chef.fe.s d’Etat des pays membres de l’Union européenne. Seulement, le 27 février dernier, les Européens, à travers les voix d’Emmanuel Macron, Michel Barnier ou encore Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol, se sont déclarés opposés à un possible report du Brexit, à moins que de nouvelles propositions soient posées sur la table des négociations par les Britanniques.