“Je ne suis pas animé par l’envie de reprendre le flambeau de mon père, j’avais simplement envie de lui rendre hommage”. En signant Radio Londres, son nouvel album qui sort le 6 mai prochain, le compositeur-interprète Axel Bauer, voulait en effet redonner vie à son père, Franck Bauer, dernière voix de l’émission “La France parle au Français” diffusée sur la BBC lors de la Seconde guerre mondiale, et disparu en 2018.
“Si certains découvrent avec cet album que mon père était l’une des voix de Radio Londres, alors ce sera très chouette”, confie Axel Bauer, qui voulait aussi avec ce nouvel opus “faire un focus sur les années Résistance”. “On vit une époque très individualiste, je m’interroge simplement sur notre propre résistance. Aujourd’hui, on peut tout se permettre et tout est immédiat. On veut quelque chose, on l’a. Mais en même temps, on est dans un monde très inégalitaire. Est-ce que la résistance ne serait justement pas de résister à tout cela et s’appuyer sur les valeurs de nos aïeux ?”. Pour son second single, intitulé Ici Londres et sorti le 12 janvier, sur les paroles écrites par Boris Bergman, l’artiste, accompagné de la chanteuse Erica Simeone, chante ainsi des messages codés et “drôles”. “Il pleut toujours sur Baker Street, Ce soir, Sherlock aura la frite, Sanglots de violons à l’automne, Si l’on en croit radio London”… “En ces temps troubles et dramatiques, on trouvait ça intéressant de chanter des messages un peu drôles sur notre époque”, poursuit Axel Bauer.
Mais pas question d’y voir un message politique. Mais quand on a pour modèle un père, qui s’est engagé dès la vingtaine dans un combat contre les forces d’Occupation, il est évident que le mot “résistance” prend une toute autre dimension. “On se doit de relativiser certains combats, savoir ce qui est dramatique ou non. En se rappelant qu’il fut un temps où les choses étaient bien plus dures, et que certaines personnes ont fait le choix de résister”. D’ailleurs, dans sa chanson, il le chante : “En d’autres temps, on était plus résistant”.
En introduction de ce second single, Axel Bauer a ainsi intégré la voix de son père. “Il y a une dizaine d’années, il est venu chez moi. On était dans mon studio et j’avais laissé le micro ouvert. On a parlé de la sortie de son livre (Franck Bauer et l’Épopée de Radio Londres de Bernard Crochet, ndlr)”. Alors qu’il lui demande comment il s’est retrouvé à être l’un des speakers de Radio Londres, son père, qui lui avait toujours que très peu parlé de cette époque, lui explique que c’est parce qu’il avait cette voix médium, qui passait au-dessus du brouillage allemand. “Du coup, on a décidé de réenregistrer les messages qu’il avait prononcés à l’époque”, confie Axel Bauer. Ce projet de chanson commune n’avait finalement pas pu se faire par la suite, mais l’artiste avait gardé l’enregistrement dans un tiroir. “Je trouvais que la musique que j’avais créée n’allait pas, elle était trop ‘guerrière’, trop rock”.
Plus de dix ans plus tard, et après avoir perdu son père en 2018, Axel Bauer se dit alors que c’est le bon moment pour ressortir ce projet. “Avec Erica, on a réécouté le morceau et on l’a recomposé ensemble. Sa voix, mêlée à la mienne (et celle de Franck Bauer), apportait à la fois de la douceur et une force”, avance l’artiste, “et puis, on aimait le fait qu’il y ait cette parité dans cet appel à la résistance”.
Radio Londres est donc un bel hommage d’un fils à ce père. “Il me manque, mais je crois que les gens qui disparaissent restent en nous à jamais”. Axel Bauer va faire vivre cet album, qui sort le 6 mai prochain, lors d’une grande tournée. Il espère bien pouvoir venir à Londres le présenter également. “J’adore cette ville, j’y ai habité pendant près de quatre ans, entre 1985 et 1989”, confie le musicien. C’est dans l’est de la capitale anglaise qu’il avait posé ses valises. “C’était près des docks, sur Narrow Street (vers Limehouse, ndlr), c’était très beau et romantique d’avoir cette vue sur la Tamise”, se souvient-il. C’est à Londres aussi qu’il avait enregistré son premier album, et ce, dans les plus grands studios, dont celui d’Abbey Road. “J’essaie de revenir à Londres dès que je le peux, mais avec la pandémie je n’avais pas pu le faire ces dernières années”. Espérons que 2022 signera le grand retour du nom Bauer à Londres.
Crédit photo de Une : Yann Orhan