La société britannique est très à cheval sur les traditions. Il y a tout un tas de lois étranges qui existent toujours au Royaume-Uni, pour des raisons assez obscures parfois. Mais il y a aussi des traditions que les Britanniques respectent scrupuleusement, aussi loufoques et anciennes qu’elles soient.
La cérémonie d’ouverture du Parlement, qui a lieu généralement en mai et qui marque le début de la session parlementaire, comporte son lot de traditions et coutumes inexplicables, mais la plus étrange reste celle de “l’otage parlementaire”. Pendant que la Reine se rend au parlement, le Vice-Chamberlain de la Maison, un membre du Parlement chargé d’écrire des rapports quotidiens à la monarque sur la Chambre des Communes, est retenu en otage à Buckingham Palace pendant la cérémonie. Cette tradition remonte au roi Charles I, qui entretenait une relation difficile avec le Parlement et qui fut décapité durant la guerre qui opposa la couronne et la House of Commons. Il s’agit donc de garantir la sécurité du monarque pendant la cérémonie. Évidemment, l’otage est libéré à la fin. Même si maintenant, cette coutume est totalement cérémoniale, l’otage est quand même surveillé par des gardes…
Les hauts shérifs étaient autrefois chargés de représenter les intérêts de la couronne dans chaque département du pays. De nos jours, ils n’ont qu’une fonction cérémoniale. Mais la Reine doit tout de même les choisir, d’une manière ou d’une autre. C’est là que l’aiguille rentre en jeu, puisque la monarque doit percer le parchemin sur lequel est inscrit le nom des candidats avec une aiguille de couture argentée pour choisir les hauts shérifs. Appelé “pricking”, cette pratique remonterait à la reine Elizabeth I, qui était en train de coudre lorsqu’elle devait s’adonner à cette tâche. Elle aurait donc utilisé ce qu’elle avait sous la main, une aiguille à coudre, au lieu d’aller chercher de quoi écrire. Les hauts shérifs eux-mêmes réfutent cette version de l’histoire et disent que cette méthode garantissait que personne ne puisse altérer le parchemin, puisque la fonction de haut shérif était difficile et peu appréciée du peuple.
Dans la petite ville de High Wycombe, au nord-ouest de Londres, tous les maires ainsi que tous les officiels de la ville sont pesés lors de chaque cérémonie d’investiture. Le nouveau maire est pesé au début et à la fin de son mandat. S’il a pris un peu de poids, la foule le hue gentiment, et s’il en a perdu, la foule l’applaudit. Ce petit rituel remonterait au XIXème siècle et sert à s’assurer que le maire travaille dur et qu’il ne profite pas trop de l’argent des contribuables. Les élus se prêtent volontiers au jeu et portent même un costume de l’époque ! Pour information, la prochaine cérémonie aura lieu samedi 16 mai 2020.
Lorsque Charles II était roi, son astronome se plaignait que les corbeaux de la Tour de Londres l’empêchaient de travailler correctement. Sauf que l’un de ses courtisans très superstitieux le mit en garde : “Si les corbeaux s’en vont, la Couronne tombera, et l’Angleterre avec elle.” Et on ne rigole pas avec les superstitions ! Alors Charles II promulgua une loi stipulant qu’il doit toujours y avoir au moins 6 corbeaux à la Tour de Londres. Ces derniers ont le statut de soldat de la nation et doivent ainsi prêter serment (par écrit, avec l’aide d’un tiers, dans leur cas). Aujourd’hui, il y en a 7 (on ne sait jamais), et ils peuvent même être démis de leurs fonctions pour mauvais comportement ! C’est ce qui est arrivé à George, qui a détruit pas moins de 5 antennes TV en une semaine en 1986.
C’est la partie “cocorico” de ce classement ! Durant cette cérémonie bien spéciale intitulée “Waterloo Ceremony”, qui a lieu chaque année le 18 juin, le Duc de Wellington paye son loyer à la Reine sous la forme d’un drapeau français. Le Duc réside dans le Hampshire à Stratfield Saye House, offerte au premier Duc de Wellington en 1817 pour célébrer sa victoire contre Napoléon lors de la bataille de Waterloo. Chaque année, le Duc actuel se déplace jusqu’à Windsor pour payer un loyer symbolique à la Reine. Durant cette cérémonie, il donne un drapeau français inscrit de l’année actuelle à la Reine, qui le donne au superintendant du château, qui le place sur un buste en marbre du premier Duc de Wellington. Nous aussi on aimerait bien payer notre loyer comme ça !